(ats) La rente-pont pour chômeurs âgés a franchi une première étape mercredi au National. Ignorant l'opposition de l'UDC, la Chambre du peuple est entrée en matière mercredi sur le projet de nouvelle loi par 140 voix contre 56.

La rente-pont fait partie d'un paquet de mesures que le Conseil fédéral a élaboré avec les partenaires sociaux pour favoriser la main d'oeuvre indigène et répondre à l'initiative UDC contre la libre-circulation soumise au vote le 17 mai. Elle doit permettre un passage à la retraite en toute dignité à des personnes de 60 ans et plus qui n'arrivent pas à retrouver un travail.

En décembre dernier, le Conseil des Etats a fortement affaibli le projet, en acceptant de ne libérer que 70 millions de francs à cet effet, alors que le Conseil fédéral prévoyait 230 millions. Le Conseil national doit discuter d'une version plus généreuse valant 270 millions.

Libre circulation en question

L'udc est montée au créneau d'emblée contre le projet en s'attaquant à l'entrée en matière. "Vous avez menti en disant que l'immigration n'a pas d'effet sur le marché du travail", a lancé Thomas Aeschi (UDC/ZG). La libre circulation réduit les emplois pour les travailleurs suisses. Plutôt que toujours penser à l'étranger, il faut penser aux Suisses et limiter l'immigration venant de l'Union européenne.

La rente-pont part d'une bonne intention, a ajouté le Zougois. Mais les plus âgés veulent qu'on leur donne un travail et non des rentes.

L'udc a également tenté de suspendre l'examen de l'objet jusqu'au vote sur son initiative contre la libre circulation des personnes. "C'est une campagne très onéreuse pour lutter contre une initiative populaire", a estimé Albert Rösti (UDC/BE). Pour montrer que ce n'est pas le cas, il faudrait reprendre l'objet après le 17 mai, a-t-il plaidé. Sa proposition a été rejetée par 143 voix contre 54.

60 ans et plus

Le droit à la rente-pont, selon le projet du Conseil fédéral, concernera les chômeurs dès 60 ans. La commission du National veut aller encore plus loin en la rendant accessible aux personnes arrivées en fin de droit avant leur soixantième anniversaire.

Ce projet est meilleur que l'alternative proposée le 17 mai, a relevé Philippe Nantermod (PLR/VS) au nom de la commission. Il est aussi meilleur que celui du Conseil fédéral, car il supprime des effets de seuils malvenus, selon lui.

L'idée de la rente pont a été élaborée avec les partenaires sociaux, a ajouté Mattea Meyer (PS/ZH). Elle ne sera utilisée que lorsque toutes les autres dispositions auront échoué.

Le marché du travail est devenu aujourd'hui plus exigeant qu'il y a trente ou cinquante ans, a constaté le ministre des affaires sociales Alain Berset. Le taux d'aide sociale a augmenté de près de 50% entre 2011 et 2017 pour les 60 à 64 ans. La rente-pont permettra à des personnes qui ont travaillé toute leur vie d'éviter de puiser dans leur épargne.

Le débat se poursuit. L'examen de détail concernera les critères d’attribution, les montants, les valeurs seuil, la fortune, l'obligation ou non de chercher un travail et de prendre retraite anticipée.