Rétrospective de la 44e législature des Chambres fédérales
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14. Formation, Science, Recherche
94.056 |
Hautes écoles spécialisées.
Loi |
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Fachhochschulen. Bundesgesetz
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Message: 30.05.1994 ( FF III, 777 / BBl III, 789)
Situation initiale
Par un message, le Conseil fédéral propose de créer des
hautes écoles spécialisées et présente un projet de loi en la matière.
La création de hautes écoles spécialisées est en
rapport avec l'introduction des maturités professionnelles. La création des hautes
écoles spécialisées s'inscrit dans le cadre du programme de la législature 1991-1995.
Elle est en accord avec les conclusions du rapport sur la politique de la Confédération
en matière de technologie, publié en 1992, et fait partie du programme de revitalisation
de l'économie suisse.
La transformation des écoles supérieures ETS, ESCEA et
ESAA en hautes écoles spécialisées vise principalement les objectifs suivants:
- Elargir l'offre de formations universitaires en Suisse en y
incluant des filières de formation du niveau des hautes écoles de caractère à la fois
scientifique et pratique, afin d'assurer la relève des cadres de notre économie.
- Revaloriser les filières d'études sur le plan national et
international et renforcer l'eurocompatibilité de nos diplômes.
- Créer des possibilités de perfectionnement attrayantes
pour les professionnels et, par là même, revaloriser la formation professionnelle.
- Elargir la fonction des écoles (limitée jusqu'ici à
l'enseignement) en développant leurs activités de formation continue en leur confiant
des tâches de recherche appliquée, de développement et de prestations de services à
l'intention de l'économie (transfert de connaissances et de technologie).
- Améliorer la coordination des systèmes de formation aux
niveaux fédéral et cantonal.
- Soutenir les hautes écoles spécialisées par des
subventions fédérales; garantir un haut niveau de qualité.
- Coopérer avec l'économie.
Les types d'écoles suivants sont aujourd'hui susceptibles
de recevoir le statut de hautes écoles spécialisées:
- les écoles techniques supérieures (écoles d'ingénieurs
ETS) assujetties à la loi fédérale sur la formation professionnelle et à la loi
fédérale sur l'agriculture;
- les écoles supérieures de cadres pour l'économie et
l'administration (ESCEA);
- les écoles supérieures d'arts appliqués (ESAA).
Pour la création des hautes écoles spécialisées
relevant de la compétence de légiférer de la Confédération, on prévoit pour la
Confédération et les cantons un coût total de 5,4 milliards de francs pour la période
allant de 1996 à 2003, somme qui se subdivise ainsi:
- coût de construction et d'exploitation des hautes écoles
spécialisées: 3,9 milliards de francs
- coût d'exploitation des écoles supérieures du type
actuel: 1,5 milliard de francs
La répartition des dépenses entre la Confédération et
les cantons est fixée par la loi. Pendant la phase de réforme (1996-2003) la
Confédération assumera à titre subsidiaire un pourcentage déterminé du coût total.
De 1996 à 2003, ses dépenses s'élèveront à 1,6 milliard des francs, soit 600 millions
de plus que ce qu'elle aurait à dépenser pour les écoles supérieures sous leur forme
actuelle. Après la phase de réforme, le système de subventionnement au prorata du coût
total sera remplacé par un mode de subventionnement qui tiendra compte, au moins
partiellement, des prestations des écoles.
Délibérations
CE |
25.01.1995 |
BO 1995, 32 |
CN |
18.-19.09.1995 |
BO 1995, 1734 |
CE |
26.09.1995 |
BO 1995, 905 |
CN |
03.10.1995 |
BO 1995, 2048 |
CE |
04.10.1995 |
BO 1995, 1012 |
CE/CN |
06.10.1995 |
Votation finale (43:1 / 164:2) |
Au Conseil des Etats, la plupart des objections
soulevées concernaient moins le contenu matériel du projet que son financement. En
réponse à la question de savoir où la Confédération allait trouver l'argent, le
conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz a fait valoir, d'une part, que les
600 millions de francs que l'Etat fédéral avait prévu de consacrer aux écoles
spécialisées pour la période 1996 - 2003 étaient loin de constituer une somme
extravagante, et d'autre part, qu'il serait toujours possible de rediscuter cet aspect
ultérieurement. Dans la discussion par article, le Conseil des Etats a précisé dans le
projet qu'il incombait aux écoles spécialisées de transmettre non seulement des
connaissances techniques, mais aussi une formation générale, la recherche étant pour sa
part axée sur la pratique, contrairement à ce qui était traditionnellement le cas dans
les écoles de ce type. L'école spécialisée est la filière naturelle pour les
titulaire d'une maturité professionnelle, mais y ont également accès les titulaires
d'une maturité autre, pour autant qu'ils disposent, dans le domaine correspondant aux
études choisies, d'une expérience professionnelle d'un an au moins.
Deux propositions de Thomas Onken (S, TG) visant, l'une, à
étendre à trois ans au moins la durée des cycles de formation, l'autre, à dégager des
garanties financières en vue d'un changement de statut de certains centres de formation
artistique, pédagogique, sanitaire ou sociale, ont été rejetées par respectivement
27 voix contre 3 et 36 voix contre 3 (le Conseil optant dans le second cas pour
la formulation potestative). Une proposition de Ernst Rüesch (R, SG) visant à biffer la
possibilité de créer des écoles spécialisées supplémentaires a également été
rejetée.
Au Conseil national, le rapporteur de la commission,
Martin Bundi (S, GR) a rappelé les espoirs considérables généralement suscités par
les hautes écoles spécialisées: les uns en attendent une impulsion novatrice et une
redynamisation de l'économie, les autres, une revalorisation du système suisse de
formation professionnelle et l'équivalence des diplômes avec ceux de l'Union
européenne. Martin Bundi a également insisté sur la nécessité de renforcer
l'attractivité de l'apprentissage, sous peine de mettre en péril le système même des
hautes écoles spécialisées - un sujet sur lequel se sont exprimés de nombreux orateurs
dans le cadre du débat d'entrée en matière, qui n'a pas d'ailleurs donné lieu à
controverse. Dans la discussion par article, le Conseil national a rejeté un certain
nombre de mesures proposées par la majorité de sa commission, ainsi celle qui visait à
reconnaître et à subventionner des hautes écoles à vocation non seulement technique ou
commerciale, mais également sociale ou médicale (le Conseil a maintenu une formulation
potestative par 88 voix contre 59), celle qui visait à "la réalisation de
l'égalité entre femmes et hommes" et à une "représentation équilibrée des
deux sexes à tous niveaux et dans tous les organes" (rejet par 83 voix contre
59), celle qui visait à "assurer à toutes les personnes relevant d'une haute école
spécialisée le droit de participer de manière adéquate aux questions d'enseignement,
de recherche et de planification" (rejet par 60 voix contre 52), ou celle qui
visait à la préparation de plans pluriannuels communs pour les universités et les
hautes écoles spécialisées (rejet par 90 voix contre 48). La commission a
toutefois imposé son point de vue concernant les qualifications exigées des enseignants
(approbation par 89 voix contre 60): outre un diplôme d'une haute école, elle
demandait que ceux-ci "justifient des qualifications didactiques requises". Le
conseiller fédéral Pascal Delamuraz s'est également opposé presque systématiquement
aux propositions de la commission, au motif que les moyens financiers ne permettaient pas
pour l'heure de prendre en compte des écoles autres qu'à vocation technique ou
commerciale. Au terme du vote final, la loi a été adoptée par 89 voix contre 2, et
37 abstentions.
Dans le cadre de l'élimination des divergences, le Conseil
des Etats s'est rallié au Conseil national dans la plupart des cas. Il est toutefois
allé plus loin que le Conseil national sur un point, décidant par 31 voix contre 4
que la Confédération pourrait accorder des aides financières pour les frais
d'exploitation des filières d'études du niveau des hautes écoles spécialisées
relevant de la compétence des cantons (le Conseil national avait également approuvé en
première lecture cette disposition par 90 voix contre 38, mais celle-ci n'avait pas
obtenu la majorité absolue - de 101 voix - au vote). Il s'est par ailleurs opposé
à une proposition du Conseil national visant à qualifier "de même valeur" les
formations proposées par les hautes écoles universitaires et par les hautes écoles
spécialisées.
Le Conseil national a maintenu sa décision
d'inclure l'économie forestière dans la loi. Le Conseil des Etats avait pour sa part
estimé inutile d'ajouter une formation suplémentaire à celles proposées par la
division "Economie forestière" de l'EPF et par les deux écoles de forestiers
déjà existantes. Par ailleurs, le Conseil national s'est déclaré d'accord par
124 voix contre 12 avec la proposition visant à donner la possibilité à la
Confédération de soutenir financièrement des hautes écoles spécialisées du ressort
des cantons. Les divergences restantes, secondaires, ont été éliminées sans
difficulté, le Conseil national renonçant par 78 voix contre 56 à qualifier
"de même valeur" la formation proposée par les universités et les hautes
écoles spécialisées.
Pour ce qui est des divergences ultimes, le Conseil des
Etats s'est rallié tacitement aux décisions du Conseil national.
Rétrospective 1991-1995 - © Services du Parlement,
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