La version orale fait foi

Monsieur le conseiller fédéral nouvellement élu,
Madame la présidente du Conseil national,
Monsieur le conseiller fédéral,
Mesdames et Messieurs, chers invités,

C’est un grand honneur pour moi, comme président du Conseil des Etats et vice-président de l’Assemblée fédérale, de rendre hommage au nouveau membre du Conseil fédéral, M. Didier Burkhalter.

C’est aussi un réel plaisir de participer à cette fête populaire où les Neuchâtelois sont accourus du haut, du bas, de l’est et de l’ouest pour acclamer, dans la liesse, leur héros du stade, je veux dire leur nouveau conseiller fédéral.

Mais l’instant est solennel car Didier Burkhalter s’apprête à écrire un nouveau chapitre de l’histoire de la République et Canton de Neuchâtel et surtout, de la Confédération suisse. Lui qui souhaite publier un jour un roman, le voilà devenu l’un des personnages principaux de la saga helvétique. Avec son sens de l’économie du récit et sa maîtrise du suspense, il saura certainement tenir en haleine notre communauté nationale au moment de défendre ses projets devant les Chambres fédérales et le peuple. Sans nul doute, il saura maîtriser les rebondissements et éviter les chausse-trappes.

Dès le mois de novembre, Didier Burkhalter sera le neuvième Neuchâtelois à apposer sa signature au bas des actes gouvernementaux de notre pays. Neuf conseillers fédéraux !

Comme tous les vrais mystères, le record neuchâtelois frappe les esprits. Certains diront que ce canton est béni des dieux. D’autres qu’il est le creuset de femmes et d’hommes à part qui incarnent un mélange subtil entre l’urbanité presque méditerranéenne du littoral et l’âpreté sauvage des hauteurs jurassiennes.
Ce qui est certain, c’est que les Neuchâtelois se sont assurés depuis longtemps le respect de l’ensemble des Confédérés en renversant le régime prussien sans effusion de sang et en dotant le Pays de Neuchâtel d’institutions, démocratiques et progressistes.

Est-ce que ces explications séduisent l’amateur de fresques romanesques qu’est Didier Burkhalter? Peut-être, mais l’économiste préférera – j’en suis sûr – attribuer cette forte représentation neuchâteloise au Conseil fédéral à la capacité d’innovation, à l’ouverture et à l’audace des acteurs régionaux, et le politicien l’attribuera certainement au dynamisme radical des débuts de la Confédération incarné notamment par Eugène Borel, Numa Droz, Robert Comtesse et Louis Perrier.

Comme ces illustres prédécesseurs, Didier Burkhalter a su trouver sa place dans les équilibres visibles et invisibles qui font la Confédération.

Mesdames et Messieurs,

Je suis également venu à Neuchâtel pour remettre à Didier Burkhalter, futur ministre des hautes écoles, son diplôme de parlementaire. C’est la première fois qu’un conseiller fédéral nouvellement élu le reçoit.

Au-delà de l’anecdote, ce document nous rappelle que le fonctionnement de notre pays tient à un système politique qui a une longue histoire, un système qui privilégie depuis plus d’un siècle et demi la discussion, la réflexion commune, un certain pragmatisme et la recherche de solutions dans la concertation. Dans ce cadre, la qualité de collaboration entre le Parlement et le Conseil fédéral est essentielle.
Au cours de sa législature au Conseil national et de ses deux ans au Conseil des Etats, Didier Burkhalter n’a jamais cédé à la tentation des simplifications réductrices. Il a toujours préféré les propos différenciés aux affirmations péremptoires. En toutes questions, il a cherché à convaincre, sans esbroufe partisane ou électoraliste, avec cette sobriété et cette force tranquille qui rassurent et qui ont fait merveille au Conseil des Etats. C’est un homme qui maîtrise ses dossiers et se maîtrise et qui nous rappelle cette phrase de Richelieu: «Il faut être fort par raison et non par passion».

A l’époque des médias et des lobbies (presque) tout puissants, être démocrate signifie d’abord rester indépendant. Didier Burkhalter a fait la brillante démonstration de sa liberté de penser et d’agir. Homme d’idées, il n’a jamais confondu action publique et relations publiques.

Monsieur le Conseiller fédéral,

On dit parfois que la politique est l’art du possible. Et à l’aube de votre mandat de Conseiller fédéral, je veux vous rappeler ce mot de Max Weber qui a dit « … l’expérience historique (le montre) …: on n’aurait jamais atteint le possible si l’on n’avait toujours et sans cesse dans le monde visé l’impossible». Cela vaut sûrement aussi pour la réforme du gouvernement. Vous avez plaidé avec éloquence pour la réforme du gouvernement. «Equilibre, Sécurité, Ouverture, Intelligence, Croissance, Solidarité et Ecologie»: voilà les noms que vous avez choisis pour favoriser la réflexion sur les nouveaux départements.

Est-ce d’avoir souvent contemplé le lac de Neuchâtel? Ces noms sonnent comme des appels au grand large. Ils invitent à mettre le cap vers de nouveaux horizons. Ces mots ont du souffle et ils sont un heureux présage au moment de votre entrée au Conseil fédéral.

Monsieur le Conseiller fédéral, recevez ce document en signe de la gratitude du Conseil des Etats et du Parlement suisse tout entier. Ce n’est certainement pas un diplôme indispensable pour siéger au Conseil fédéral, mais je pars de l’idée qu’il ne déparera pas votre nouveau bureau.

Que les vents vous soient favorables.

Vive Neuchâtel, vive la Confédération et vive notre nouveau conseiller fédéral!