Union interparlementaire
4e Conférence mondiale des présidents de Parlement
New-York, 31 août – 2 septembre 2015

Contribution de Claude Hêche, Président du Conseil des Etats

Les paroles prononcées font foi.

«Mettre la démocratie au service de la paix et du développement durable: construire un monde tel que le veut le peuple» 

Monsieur le Président,
Excellences,
Chères et Chers Collègues,
Mesdames et Messieurs,

Rien ne sert d’avoir raison tout seul. La démocratie est la seule voie possible et un progrès incontestable pour la paix et le développement durable. Si cette mission n’est pas toujours facile, elle doit être un objectif de chaque instant. Respecter et reconnaître la valeur du travail de chacun pour aboutir à des échanges plus équilibrés est aujourd’hui encore plus qu’hier une condition de survie de notre planète.

La Suisse a l’immense privilège d’avoir une démocratie très aboutie. Elle donne à la population le pouvoir de participer activement à construire son pays. C’est parfois plus lent que les autorités politiques ne le souhaiteraient, mais c’est en général plus solide et durable. Prenons l’exemple de l’adhésion de mon pays à l’organisation qui nous accueille aujourd’hui. La Suisse n’est membre de l’ONU que depuis près d’une décennie. C’est dire si le temps de maturation a été particulièrement lent. Mais ce résultat, et c’est certainement unique, est le résultat d’une décision prise par le peuple suisse toute entier lors d’un vote populaire. Associer la société civile au maximum des décisions qui engagent son destin constitue une garantie de réussite.

C’est aussi valable dans les projets menés par les ONG dans les pays en développement. Leur expérience et leur connaissance du terrain sont un gage de réussite et les parlements ont le devoir de les soutenir. Un cas concret pour illustrer l’éventail des possibilités: le soutien de la Suisse à un projet d’aide au retour des migrants. L’originalité de cette démarche c’est qu’elle vient en aide à des personnes qui ont quitté leur pays d’origine en Afrique, pour un pays voisin, afin de retourner chez elles. Sans être immédiatement concernée, la Suisse peut ainsi participer concrètement à un projet de vie, ce qui représente un investissement pour la paix et la durabilité. Cela contribue aussi à réduire la misère et diminuer les tensions entre les pays riches et ceux qui le sont moins.

La paix, le développement durable et le bien-être sont étroitement liés et répondent en grande partie aux besoins de la population. Répondre à ces attentes en respectant le travail de chacun, en limitant le profit et le nombre des intermédiaires, c’est par là que passe l’avenir de notre planète. Nous ne pouvons faire l’économie d’une réflexion sur la valorisation et la reconnaissance du produit de base, de la matière première, de toutes les matières premières: des ressources minières au café en passant par les bois précieux. Payer cette marchandise à sa valeur réelle à celui qui la possède ou qui la travaille, c’est la solution à bien des problèmes, qui vont de la protection de nos ressources à la diminution de la misère dans de nombreuses régions du monde.

Mesdames et Messieurs,

Dans les pays industrialisés, les consommateurs choisissent de plus en plus des produits issus du commerce équitable. Cet acte d’achat est un choix citoyen, la preuve irréfutable d’une adhésion à un principe. Cela doit inciter les parlements à favoriser la mise en place de conditions-cadre consolidant ces filières. De cette manière, la volonté des citoyens aura des répercussions concrètes dans les pays producteurs et contribuera à des échanges Nord-Sud plus durables; dans l’intérêt et le respect de tous, c’est important.

Du haut de notre fonction, nous pouvons penser, imaginer et décréter un certain nombre de choses, mais jamais nous n’arriverons à changer quoi que ce soit de durable et d’équitable si nous n’avons pas l’adhésion de la société civile. Cela rend évidemment la tâche plus ardue, mais ô combien stimulante et enrichissante. Nous le devons aussi aux générations futures.

Je vous remercie de votre attention.