La version orale fait foi
Monsieur le Président de la commune de Veysonnaz,
Mesdames et Messieurs les représentantes des autorités fédérales, cantonales et communales,
Cher-e-s Confédérés d’ici et d’ailleurs,
Sehr geehrte Eidgenossinnen und Eidgenossen
Chers hôtes de passage,
Cher-e-s Amis,
Mesdames et Messieurs,
Geschätzte Damen und Herren,
Quel est ce pays merveilleux, Que je chéris, où je suis né?
Où l'Alpe blanche jusqu'aux cieux, Elève son front couronné!
Nennt mir das Land, so wunderschön, das Land, wo ich geboren bin,
wo himmelhoch die Berge stehn, und Mannskraft wohnt bei schlichtem Sinn.
Non, il ne s’agit pas de l’hymne national: nous l’entonnerons tout à l’heure avec cœur et fierté, mais il s’agit bien des deux premiers couplets de notre hymne officiel à nous: «Notre Valais», composé en 1890 par Ferdinand Otto Wolf sur un texte de Leo Luzian von Roten.
Si je me réfère d’emblée à l’hymne valaisan, ce n’est pas par nostalgie ou en mémoire du temps où j’étais membre du Gouvernement cantonal, même si j’en garde un très bon souvenir, mais bien parce que je préside le Conseil des Etats, la Chambre des cantons. Vous savez que ses 46 membres représentent les 26 cantons et demi-cantons suisses.
Dans l’esprit de nos voisins, la Suisse, est d’abord une démocratie directe et il est parfois nécessaire de rappeler que notre pays est également une Confédération d’Etats. Toute proportion gardée et sans être donneur de leçon, nous n’interdisons à personne de s’en inspirer.
Au Conseil des Etats par exemple, chaque canton est représenté par deux députés, quelles que soient sa taille et sa population. Ainsi, mes deux collègues jurassiens représentent 70'000 habitants; alors que les deux sénateurs du canton de Zurich parlent au nom de 1,4 millions de personnes. Ce système permet aux petits cantons de ne pas se voir dominés par les grands et aux minorités de ne pas subir la «tyrannie de la majorité».
En Suisse alémanique, le Ständerat est familièrement appelé le «Stöckli». Le «Stöckli» est une annexe où logeaient les grands-parents dans une ferme. Il est vrai que la moyenne d’âge y est plus élevée qu’au Conseil national. Il est vrai aussi que la fonction de conseiller aux Etats est auréolé de prestige et qu’elle est souvent perçue comme le couronnement d’une carrière politique dans notre pays. Alors même que les deux chambres du Parlement ont exactement le même poids et les mêmes pouvoirs et qu’un projet de loi qui ne trouve pas de majorité dans une des deux chambres est réputé «liquidé».
On pourrait euphoriquement penser que notre système, basé sur la démocratie directe et le fédéralisme, est quasi parfait. Tant s’en faut et nous en savons quelque chose en Valais, après la Loi sur l’aménagement du territoire (LAT) et la Lex Weber, deux dispositifs légaux imposés par la majorité des citoyens suisses à une large majorité de Valaisannes et de Valaisans, qui ont été les seuls Confédérés à refuser très largement la LAT.
S’il ne faut jamais considérer la démocratie directe comme acquise, le fédéralisme doit aussi être construit et renforcé chaque jour.
Ainsi, chanter «Notre Valais», à la veille des élections fédérales, reste dans le ton car l’élection du Conseil des Etats est d’abord une affaire cantonale, régie par le droit cantonal. Elle se fait dans la large majorité des cantons au scrutin majoritaire qui favorise l’émergence de personnalités moins clivantes, plus fédératrices et plus aptes à promouvoir les aspirations de l’ensemble de la population.
Chers amis, quittons Berne et les élections fédérales et revenons à Veysonnaz. Veysonnaz qui détient plusieurs records: celui de la plus petite commune du Valais, mais dont la quasi-totalité du territoire est productif. Si après la brillante organisation de la 58ème édition du festival de l’Union chorale du Centre, Veysonne s’était dotée d’un hymne, je l’aurais volontiers chanté au début de mon discours, avant l’hymne valaisan.
Comme beaucoup de Valaisannes et de Valaisans, je m’identifie en premier lieu à ma commune bourgeoisiale, puis à ma commune politique et paroissiale. Cet attachement peut paraître d’un autre temps, dans notre monde hyper connecté. Pourtant, pour affronter et relever les défis d’aujourd’hui, défis sociaux, environnementaux, internationaux, moraux, pour ne citer que les plus importants, mieux vaut savoir d’où l’on vient pour décider où l’on va.
Que notre commune de Veysonnaz est citée déjà dans des écrits datant du 13ème siècle peut paraître sans importance. Pourtant, le 13ème siècle, c’était hier dans l’histoire de l’humanité et il y a quelques secondes dans l’histoire de la terre. Voilà qui nous incite, malgré la pression des médias, des réseaux sociaux et de toutes nos urgences quotidiennes, à ne pas toujours nous émouvoir immédiatement de tout sans nous préoccuper durablement de rien.
Mesdames et Messieurs,
La fête nationale, c’est aussi l’occasion d’exprimer notre reconnaissance à nos anciens et nos ancêtres qui ont permis la Suisse d’aujourd’hui. Certes, ils n’ont pas toujours fait tout juste. Mais si nos anciennes générations parviennent à remettre à nos descendants un pays capable d’autant d’ambitions, d’espoirs et de perspectives que celles qui les ont précédées, le miracle de notre petite et modeste Suisse, aussi performante qu’innovante, pourra se perpétuer, dans le souci des plus faibles et le respect des cultures. Personnellement j’y crois comme, je le sais, une majorité de nos citoyennes et citoyens et de nos élu-e-s communaux, cantonaux et fédéraux.
Ce soir, Mesdames et Messieurs, fêtons notre petite nation de volonté au cœur de l’Europe, sans fausse modestie mais en se rappelant les paroles de Nicolas de Flue au Convenant de Stans de 1481. Je cite: «N’allez pas trop loin. Vous n’êtes pas appelés à la puissance extérieure, mais à la liberté dans des limites clairement tracées.»
En rappelant notre héritage historique, imaginons avec optimisme notre futur commun. Et pour Veysonne, l’avenir, c’est peut-être une fusion. On peut comprendre qu’un bon Dieu sans paradis, ce n’est pas vraiment un Bon Dieu et un paradis sans Bon Dieu, ce n’est pas non plus un vrai paradis.
Notre fête nationale nous relie, ici et ailleurs, à Veysonnaz et dans tous les pays du monde où vivent des compatriotes.
Unser Nationalfeiertag bringt uns hier und anderswo, in Veysonnaz und in all jenen Ländern zusammen, in denen unsere Landsleute leben. Feiern wir unser Bekenntnis zu Demokratie und Menschenrechten, gedenken wir unseres historischen Erbes, malen wir uns unsere gemeinsame Zukunft aus! Lasst uns nach dem Walliserlied nun aus voller Brust die Nationalhymne singen!
Qu’il était sage celui qui a dit: «Si tous les autres cessent de chanter et qu’il te reste des notes, tais-toi». Il est temps pour moi de me taire.
Et maintenant, place à la fête, à la fête du feu sur nos montagnes, des cors des Alpes et des fanfares, de nos valeurs démocratiques et du plaisir de vivre ensemble.
Es lebe Veysonnaz, es lebe das Wallis, es lebe die Schweiz!
Merci de votre écoute.
Vive Veysonnaz, vive le Valais, vive la Suisse.
Bonne fête et bonne soirée à tous.