Madame la Présidente de l'Assemblée parlementaire,
Monsieur le Secrétaire général de la Francophonie,
Monsieur le Secrétaire général parlementaire,
Madame la Présidente du Conseil national,
Monsieur le Conseiller fédéral,
Excellences,
Chers collègues parlementaires,
Mesdames et Messieurs,

En ouvrant cette séance, je tiens en premier lieu à saluer l'élection de Madame Louise Harel, présidente de l'Assemblée du Québec à la présidence de notre APF. Madame Harel est la première femme à occuper cette fonction au sein de notre assemblée. Nous en sommes tous très réjouis.

C'est pour moi un très grand honneur de vous souhaiter la plus cordiale des bienvenues dans l'enceinte du Parlement de la Confédération suisse. C'est dans cet hémicycle que la représentation nationale suisse s'exprime par l'intermédiaire des conseillers nationaux élus dans le cadre cantonal au scrutin proportionnel. Au fond de la salle des places sont réservées pour les députés au Conseil des Etats lorsqu'ils siègent avec ceux du Conseil national en Assemblée fédérale. Vous remarquerez à ma droite les deux places des Jurassiens qui sont surmontées d'un bas-relief qui symbolise le réveil d'un peuple.

La fresque derrière moi représente le berceau de la Confédération. Œuvre de Charles Giron, un Genevois, ce paysage est susceptible de moins les fatiguer et de moins les distraire que des figures allégoriques ou de la peinture figurative. Remarquez aussi l'ange avec le rameau d'olivier à la main.

Zurichois, Genevois, Tessinois, St-Gallois, Argoviens et bien d'autres se côtoient habituellement ici. Des interprètes rendent leurs propos intelligibles aux collègues d'autres langues. Aujourd'hui, la présence de députés et de sénateurs francophones venus d'un ensemble géopolitique allant de l'Amérique à l'Afrique, des îles des Antilles (ici avec un " s " !) à celles de l'Océan Indien, des rivages de l'Atlantique aux côtes du Pacifique est un événement exceptionnel et réjouissant pour notre vie parlementaire fédérale.

Vous avez répondu à notre invitation en cette année 2002 qui est pour la Suisse d'une grande importance. En effet,
  
 • le 3 mars dernier, le peuple suisse décidait d'adhérer à l'Organisation des Nations    Unies,
 • le 1er avril marquait le centenaire du Palais du Parlement dans lequel vous vous trouvez,
 • le 14 mai était inaugurée notre expo.02 que les membres du Bureau ont pu visiter hier.

Merci donc d'avoir choisi la Suisse pour vos travaux. C'est la deuxième fois que l'APF se réunit en Suisse, mais c'est la première fois qu'elle tient sa session annuelle à Berne. En 1979, notre 10e session s'était tenue dans les locaux de l'Organisation internationale du travail à Genève. Elle fut ouverte par le président du Conseil national mais le ministre des affaires étrangères n'avait pas reçu l'autorisation de ses collègues d'y représenter le Gouvernement. Cette fois-ci, les autorités législative et exécutive sont présentes, côte à côte, Mme Liliane Maury Pasquier, la présidente, et M. Joseph Deiss, le ministre, pour notre plus grande satisfaction !

En Suisse, la Francophonie est une idée qui n'est pas allée de soi. Qu'il s'agisse du niveau parlementaire ou du niveau gouvernemental, les débuts ont été difficiles. Comme souvent, c'est du côté parlementaire que sont venues les impulsions décisives.

Sans l'action de collègues comme Gilbert Baechtold, la Suisse ne serait pas devenue officiellement membre de l'APF en 1989.

Sans la persévérance de nos collègues Bernard Comby et Jean-François Roth, nous n'aurions pas adhéré à l'Agence de coopération culturelle et technique devenue Agence intergouvernementale de la Francophonie en 1995.

Sans la pression de l'opinion publique, de la presse, de plusieurs parlements cantonaux de Suisse romande, notre pays ne participerait pas aux sommets francophones.

Aujourd'hui, notre participation apparaît évidente car, en définitive, tous les Suisses ont compris la chance que nous avions de compter une langue universelle parmi nos langues nationales. Nous sommes heureux d'en être et tirons un grand profit du dialogue que nous menons avec plus de 50 pays.

Comme vous le savez, la Suisse est un pays quadrilingue puisque, à côté de l'allemand majoritaire à soixante-dix pour cent, de l'italien et du romanche, un citoyen suisse sur cinq est francophone. Une bonne intelligence entre les différentes régions linguistiques de Suisse est essentielle pour l'Etat fédéral qui est le nôtre. Le respect de la diversité linguistique m'apparaît ainsi comme une condition nécessaire au rayonnement de notre langue commune, d'autant plus que nous sommes, pour certains d'entre nous, des pays plurilingues. Il faut préciser ici que, si les Suisses romands sont intéressés au premier chef par la coopération francophone, c'est bien la Suisse tout entière qui fait partie du Mouvement de la francophonie.

Comme l'a relevé l'Académie française, le terme de francophonie est passé en une vingtaine d'année d'une notion purement géographique à l'expression d'un ensemble politique volontariste. Nous pouvons en être fiers.

La Francophonie ne peut être une grande aventure que si la France répond à l'attente des francophones du monde entier. Nous avons eu la bonne surprise d'apprendre que notre ami Monsieur Pierre-André Wiltzer, membre du Bureau de notre Assemblée, avait été nommé ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie. C'est là une belle récompense pour un défenseur infatigable de notre cause et un choix excellent qui garantit que la Francophonie figurera en bonne place dans l'action du nouveau gouvernement français, car comme l'a dit le secrétaire général Boutros Boutros-Ghali, si la Francophonie sait tout ce qu'elle doit à la France, la France ne sait peut-être pas encore assez tout ce qu'elle peut donner à la Francophonie...

Mesdames et Messieurs,

De toutes les formes de communautés, la communauté linguistique est la plus importante : elle ouvre l'accès à la culture et aux œuvres de l'esprit. La Francophonie en est l'illustration la plus claire et la plus rayonnante puisqu'elle est à la fois point d'ancrage de traditions et lien de fraternité.

La Francophonie est une belle aventure, promise à la réussite car elle est le lieu de rencontre d'une grande idée et d'une vaste réalité présente sur les cinq continents.

Je déclare ainsi ouverte la 28e session de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie, à Berne.