Aujourd’hui, le monde entier célèbre le livre. L’occasion de mettre un coup de projecteur sur l’ouvrage unique en son genre qui accompagne depuis 1903 les députés et les collaborateurs au service du Parlement dans leur travail quotidien : le Manuel de l’Assemblée fédérale, guide essentiel pour s’y retrouver dans les méandres des procédures parlementaires.

Le Manuel de l’Assemblée fédérale n’est ni un roman de gare, ni un chef-d’œuvre littéraire. Il rassemble les principaux actes de droit parlementaire. Au fil des pages, les articles de loi se succèdent, sans aucune photo ni illustration pour rendre l’ouvrage plus digeste. Il n’en est pas moins l’outil par excellence du travail parlementaire. Les 70 premières pages sont consacrées à la Constitution fédérale. Suivent la loi sur le Parlement, les règlements du Conseil national et du Conseil des États ainsi que les ordonnances et articles d’autres actes qui concernent le Parlement et ses membres.

La dernière édition du Manuel de l’Assemblée fédérale (à droite) et l’édition précédente (à gauche) du secrétaire général portent les stigmates d’un usage intensif. Photo : Services du Parlement

« Le manuel est pour ainsi dire le bréviaire de la liturgie parlementaire », explique le secrétaire général de l’Assemblée fédérale Philippe Schwab. « Cet abécédaire législatif contribue à garantir le bon déroulement des débats parlementaires. À mi-chemin entre le guide de survie et l’aide-mémoire, il est l’ouvrage de référence pour toute séance parlementaire. »

À l’origine, la Chancellerie fédérale administrait l’Assemblée fédérale et publiait le manuel. Au cours de la première moitié du XXe siècle, le Parlement a été doté de son propre secrétariat. Des services parlementaires ont été créés ensuite mais toujours subordonnés à la Chancellerie fédérale. Avec la Constitution fédérale de 1999, les Services du Parlement sont devenus totalement indépendants et le manuel un produit maison.

Au fil des ans, le travail parlementaire est devenu de plus en plus complexe et le manuel a grossi : la première édition, datant de 1903, était un mince tome de 140 pages au format carte postale ; la version actuelle est imprimée dans un format deux fois plus grand et contient 530 pages.

Il ne s’agit certes pas d’apprendre par cœur le contenu de cet ouvrage, précise Philippe Schwab. Mais il se plaît à affirmer, avec un clin d’œil, que l’état général du manuel est un indice des compétences de son détenteur : les nombreux marque-pages, les feuilles qui se déchirent ou se détachent à force d’être compulsées, les traces de doigt, les taches de café sont autant de témoins d’un usage intensif et prolongé. Aux yeux du secrétaire général, ces stigmates confèrent au propriétaire du manuel une aura d’expérience et à l’ouvrage lui-même le pouvoir d’un talisman.

Le manuel original de 1903. Photo : Services du Parlement