Madame la Présidente de l'APF,
Monsieur le secrétaire général de la francophonie,
Madame la Présidente du Conseil national,
Mesdames et Messieurs,
J'ai le grand plaisir de vous saluer au nom de la chambre haute du Parlement fédéral, le Conseil des Etats. C'est avec satisfaction que j'ai constaté la tendance qui se fait jour de créer dans de nombreux pays africains une deuxième chambre, celle de la réflexion. Je ne peux que vous encourager dans cette voie.
Je suis de langue allemande mais je représente un canton, celui de Fribourg, à majorité francophone, qui s'efforce d'être un pont entre les deux parties principales de la Suisse. C'est dire que le problème des rapports entre communautés linguistiques m'intéresse au premier chef. Je souhaiterais vous exposer quelques unes de nos préoccupations à cet égard.
Nous avons révisé totalement notre constitution fédérale il y a trois ans. Nous avons reconnu la qualité de langues nationales aux langues française, allemande, italienne et romanche. Alors que les trois langues qui se rattachent aux trois grandes cultures européennes sont déclarées langues officielles, la quatrième, le romanche n'aura de caractère officiel que pour les rapports de la Confédération avec les Romanches.
Un point délicat est l'opposition entre la liberté de la langue et la territorialité. Le compromis élaboré consiste à reconnaître la liberté de la langue avec, en plus, une clause qui vise à préserver l'harmonie entre les communautés linguistiques. Les cantons doivent veiller à la répartition territoriale traditionnelle des langues.
La constitution révisée insiste aussi sur la nécessité d'encourager la compréhension et les échanges linguistiques.
Un autre article a trait à la culture qui est du ressort des cantons mais la Confédération peut promouvoir les activités culturelles présentant un intérêt national et encourager l'expression artistique et musicale.
Mes chers collègues,
Nous avons le plaisir de saluer plusieurs délégations d'Europe centrale et orientale. La présence de parlementaires albanais, roumains, bulgares, macédoniens, moldaves, hongrois, géorgiens témoigne de la vitalité de la langue française dans ces pays et de leur attachement à notre culture. Ces Etats sont sortis difficilement de la nuit totalitaire et se sont engagés avec beaucoup de courage et de difficultés dans le passage de l'économie planifiée vers l'économie de marché. Saluons leur transition réussie vers la démocratie. Leurs besoins sont immenses sur le plan économique et leur attente considérable sur le plan social. Ne laissons pas se former deux Europe qui évoluent à des vitesses différentes. Ne tuons pas l'espoir de ceux qui pensaient que la fin du communisme leur apporterait en même temps la liberté et la prospérité. C'est ici l'occasion de féliciter les Etats de l'Union européenne qui envisagent un élargissement vers l'Est.
J'ai noté avec plaisir la présence des trois délégations de l'Extrême-Orient. Le Vietnam, le Laos et le Cambodge sont magnifiquement représentés. Malgré les épreuves que l'histoire leur a réservées, ces pays asiatiques sont présents parmi nous porteurs de leur culture millénaire. Ils apportent une dimension exceptionnelle à nos travaux et une ouverture vers le continent le plus peuplé.
Mesdames et Messieurs,
L'homme d'Etat français le plus proche de nous par la géographie et par le cœur était sans nul doute le président Edgar Faure. Il avait dit et je le cite : " Nous ne cherchons pas à démontrer que la langue française est la plus belle et la plus commode. Nous savons que chaque langue est la plus belle et la meilleure pour celui qui l'aime et qu'on peut en pratiquer plusieurs et même en aimer plusieurs et en considérer plusieurs comme des langues qui nous soient personnelles".
Il avait envisagé mon cas : celui d'un Suisse alémanique qui parle le français avec sa femme et ses enfants et qui s'efforce de présider les travaux du Conseil des Etats en français. Après avoir entendu le message d'Edgar Faure, je puis vous dire que je me sens bien chez vous et que je me considère comme un francophone honoris causa.
Vive la présidente Louise Harel,
Vive le secrétaire général Boutros Boutros-Ghali,
Vive la francophonie !
Vive l'APF !