Fribourg, cathédrale Saint-Nicolas, mercredi 29 novembre 2017 

Les paroles prononcées font foi

 

C’est un lieu de force qui nous réunit à l’occasion de la réception officielle que le canton de Fribourg a organisée pour mon élection à la présidence du Conseil national. L’occasion m’est ainsi donnée d’exprimer des sentiments de gratitude et de vous livrer quelques réflexions sur nos institutions suisses.

J’aimerais d’abord dire un immense merci à celles et ceux qui m’ont éduqué, formé, voire même contré, et sans lesquels l’accession à ce mandat d’honneur n’aurait pas été possible. J’ai une pensée émue pour mes parents et mon frère décédés, pour mes ancêtres et les compagnons de route qui ont déjà quitté ce monde. Max Aebischer, Laurent Butty et, plus récemment, Jean-Philippe Maître m’ont servi de référence humaine dans un univers politique qui ne doit jamais oublier cette dimension.

Mein Dank gilt auch der Bevölkerung des Kantons Freiburg und insbesondere den Bürgerinnen und Bürgern der Stadt Freiburg, die mir seit über 30 Jahren ihr Vertrauen schenken. Herzlich danken möchte ich ebenfalls der CVP-Fraktion, die mich für das Amt des Nationalratspräsidenten vorgeschlagen hat. Nicht zuletzt ein grosses Merci an die Organisatoren dieser Feier, den Staatsrat und den Gemeinderat, meine vorbildlichen Mitarbeiterinnen, meine Freunde und die Verwaltungen in Bern und Freiburg.

Deux principes dictent le fonctionnement de nos institutions: l’un vertical, le fédéralisme, l’autre horizontal, la séparation des pouvoirs. Tous deux ont forgé la plus belle démocratie au monde. Le fédéralisme, jalousement défendu, maintient aux cantons et aux communes toutes les prérogatives qu’ils peuvent exercer au plus près de la sensibilité, de la culture de chaque population. Cela n’empêche pas l’Etat central d’être fort, dans sa mission de défense des intérêts communs et de l’indépendance du pays. La séparation des pouvoirs garantit pour sa part la mise en œuvre des principes de l’Etat de droit et le respect des libertés du citoyen. Cette séparation est tellement forte qu’elle a écarté toute suprématie de l’un de ces pouvoirs et qu’une cour constitutionnelle n’existe pas en Suisse. Le peuple est souverain, lié toutefois par la Charte fondamentale et les engagements internationaux.

Le fédéralisme et la séparation des pouvoirs forment ainsi l’abscisse et l’ordonnée de notre système politique fait d’équilibre et de cohésion. Ils me font penser aux deux bras de la croix blanche – couleur symbole de la paix – figurant sur le drapeau suisse dont le fond rouge évoque le sang versé pour payer le prix de cette indépendance à laquelle nous sommes fermement attachés. Cette égalité, cet équilibre des principes se retrouve dans la forme carrée de notre bannière, unique au monde.

Der Frieden wurde im Laufe der Zeit errungen, gefestigt und bewahrt. Eine entscheidende Rolle in dieser Schweizer Erfolgsgeschichte spielte Bruder Niklaus von Flüe, ohne dessen Vermittlung Freiburg heute nicht zur Schweiz gehören würde. Er, dessen Statue sowohl in dieser Kathedrale als auch im Bundeshaus steht, war es, der in die Konflikte zwischen den alten Eidgenossen eingriff und so dazu beitrug, dass die gemeinsamen Werte über die Einzelinteressen siegten. Die heutige Schweiz verdankt ihm direkt oder indirekt ihre Wesensart, das Konkordanz- und das Proporzsystem sowie eine gewisse kollektive Weisheit. Neben dem Föderalismus und der Gewaltentrennung – die ich bereits erwähnt habe – sind dies die prägenden Merkmale der Eidgenossenschaft. Lassen wir also Bruder Klaus hochleben! Möge dieses Jahr, in dem wir seinen 600. Geburtstag feiern, im Zeichen des Dialogs und des Konsenses stehen. Lasst uns auf wirtschaftlicher Ebene grösste Sorge zur Sozialpartnerschaft tragen, die wir von den alten Zünften geerbt haben, in denen alle Probleme zwischen Arbeitgeber und Arbeitnehmer geregelt wurden. Meine Familie hatte das Glück und Privileg, aktiver Teil der Abbaye des Maréchaux zu sein, eine von lediglich zwei Zünften, welche die Veränderungen am Ende des 18. Jahrhunderts überlebt haben.

Et Fribourg là-dedans? Mon canton travaille comme laboratoire du modèle national. Composé des minorités diverses, il vit au rythme d’assemblages savants qui ne sont pas sans évoquer les découvertes de nos vignerons de Lavaux et du Vully. Ce respect naturel des uns et des autres nous offre une qualité de vie incomparable enviée loin à la ronde.

Notre cathédrale, qui s’apprête à fêter samedi son patron, un autre Nicolas, de Myre, constitue également une sorte de plate-forme de cohésion entre le religieux et le laïc, les catholiques et ceux qui ne le sont pas, entre alémaniques et romands, appelant chacune et chacun à vivre ensemble en harmonie. Cette cathédrale contient des vitraux de Mehoffer et de Bazaine ainsi qu’un orgue de Manderscheidt, tous artistes et artisans qui nous rappellent une certaine idée de l’Europe à ne pas oublier.

Tutti noi abbiamo quindi gli ingredienti della felicità. E ciascuno di noi ha la responsabilità individuale di questo tesoro collettivo che bisogna far prosperare. Spetta all’autorità affermarlo in modo credibile affinché la popolazione possa aderirvi e viverlo quotidianamente.

Je suis fier de cet esprit de Fribourg qui reflète si fidèlement le cœur et les institutions de notre pays. C’est ça, notre alchimie et notre succès! N’en soyez pas jaloux, mais inspirez-vous en!

Que vive la Suisse!