(ats) Le Conseil fédéral doit ouvrir immédiatement une ambassade en Erythrée. Sourd aux objections du ministre des affaires étrangères Didier Burkhalter, le National a adopté mercredi par 143 voix contre 13 une motion UDC en ce sens. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.

Pour l'UDC, il est dans l'intérêt de la Suisse d'ouvrir rapidement une ambassade en Erythrée afin qu'elle puisse juger par elle-même de la situation sur place. Il est incompréhensible de continuer à gérer ses relations avec le pays depuis l'ambassade helvétique dans le pays voisin du Soudan. Cela poserait aussi les fondements des relations utiles à la négociation urgente d'un accord de réadmission.

"Ce serait jouer une carte trop tôt dans un jeu encore compliqué", a critiqué Didier Burkhalter. La Suisse a entamé avec d'autres pays européens un dialogue structuré avec l'Erythrée, des missions de reconnaissance ont eu lieu à Asmara. Berne a renforcé sa présence par un nouvel attaché suisse. Pas question toutefois de faire tout sans condition, a-t-il ajouté.

Accord de réadmission

Le conseiller fédéral a été entendu sur un autre texte. La Chambre du peuple a enterré par 98 voix contre 91 une motion de Thomas Burgherr (UDC/AG) qui exigeait que le Conseil fédéral s'efforce de conclure un accord de réadmission avec l'Erythrée.

Aucun Etat n'a réussi à avoir un tel accord avec l'Erythrée, a rappelé le ministre. Pour avoir une chance d'en obtenir un, il faut un processus progressif qui permette d'avancer pas à pas. La Suisse teste les opportunités de coopérer avec le gouvernement érythréen par des projets ciblés et a commencé à soutenir des initiatives.

Les droits de l'homme sont toutefois un point clé pour avoir un accord et les conditions restent difficiles. Le service militaire reste illimité, les prisons ne sont pas accessibles et il impossible de voyager librement dans le pays.

Crise syrienne

Le National a également débattu de la crise syrienne et refusé d'accroître l'effort concret de solidarité de la Suisse en repoussant nettement une motion des Verts. La demande d'un vote séparé sur chaque point du texte n'en a sauvé aucun.

Pas question d'exiger une hausse de l'aide humanitaire sur place, l'accueil en Suisse d'un contingent plus élevé de réfugiés syriens particulièrement vulnérables ou encore des bases légales d'un programme de parrainage permettant à des organisations privées d'accueillir des contingents supplémentaires de réfugiés déjà reconnus par le HCR.

Le Conseil fédéral s'engage déjà beaucoup pour la résolution de la crise syrienne, a fait valoir M. Burkhalter. L'aide sur place a été renforcée en général et portée à 66 millions de francs. La Suisse a pu procurer l'an dernier un hébergement pour 40'000 personnes, donner accès à l'éducation à 70'000 personnes et fournir une aide alimentaire à 120'000 personnes.