(ats) Il ne sera pas possible de déposer une demande d'asile dans une ambassade suisse à l'étranger. Le Conseil des Etats a enterré mardi par 29 voix contre 12 une motion de la gauche qui voulait revenir à l'ancienne pratique pour éviter les drames de la migration.

"Nous avons tous en tête ces images terribles de familles tentant de traverser la Méditerrannée pour venir déposer une demande d'asile en Europe", a indiqué Daniel Jositsch (PS/ZH). Pour déposer une demande en Suisse, même si elle est parfaitement légitime, elles n'ont pas d'autres moyens que de recourir à des réseaux de passeurs criminels et des voyages coûteux et dangereux, avant de se faire souvent refouler par des garde-frontières.

"Plus de 21'000 personnes sont mortes en Méditerranée depuis 2014, soit dix par jour. Ce drame, dû en partie à notre législation, doit cesser", a exigé le motionnaire. Berne doit donc permettre à nouveau de déposer des requêtes d'asile auprès des ambassades suisses, comme elle l'a fait jusqu'en 2012 avant une révision de la loi sur l'asile.

Appel d'air

La pratique actuelle a fait ses preuves, notamment au travers du visa humanitaire ou des programmes de réinstallation. Elle fait honneur à la tradition humanitaire de la Suisse, a contré Damian Müller (PLR/LU) au nom de la commission.

Agir de manière non coordonnée avec les États de l'Union européenne, ce serait en outre prendre le risque de créer un appel d'air. Sans compter une évidente surcharge administrative, a estimé Thomas Minder (Ind./SH).

Responsabilité de la Suisse

Pour Daniel Jositsch, cet argument ne tient pas. Les conditions d'octroi du droit d'asile ne changeraient pas, il n'y aura donc pas plus de personnes obtenant l'asile en Suisse.

"Toute la question au final, c'est la procédure. Comment on arrive en Suisse, et est-ce que l'on est prêt à y laisser sa vie?", a soutenu Lisa Mazzone (Verts/GE). "Il faut faire valoir nos valeurs et notre responsabilité."

Solutions flexibles

"Nous sommes tous d'accord sur l'aspect humain de cette question", a dit la ministre de la justice Karin Keller-Sutter. Mais l'UE ne veut pas pour l'instant réintroduire la possibilité de déposer une demande d'asile dans les représentations à l'étranger. La Suisse, en s'engageant seule sur cette voie, ne parviendrait pas à régler les problèmes existants.

La crise actuelle en Ukraine le montre. Berne est prête à réagir à une nouvelle situation avec des solutions flexibles comme le statut S. Et la Suisse est un des rares pays à proposer le visa humanitaire, a encore fait valoir Mme Keller-Sutter. Si une personne est directement, sérieusement et concrètement menacée dans son pays, il est possible de lui délivrer un visa pour raisons humanitaires.