Communiqué de presse du 3ème juillet 2002
Allocution de bienvenue de M. Charles-Albert Antille, conseiller national, président de la section suisse de l'APF, le 8 juillet 2002, à l'occasion de la 28e session de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie à Berne
Allocution de Mme Liliane Maury Pasquier, présidente du Conseil national, lors de la 28e session de l'Assemblée parlementaire de la Francophonie, le 8 juillet 2002
Allocution de M. Anton Cottier, président du Conseil des Etats, à l'occasion du déjeuner donné en l'honneur des participants à la 28e session de l'APF, le 9 juillet 2002, au restaurant CASINO, Berne
Allocution de clôture de M. Charles-Albert Antille, conseiller national, président de la délégation suisse, le 9 juillet 2002, Hôtel Bellevue, Berne
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L'Assemblée Parlementaire de la Francophonie investit Berne. Article de Georges Plomb, journaliste de politique fédérale
LANGUE FRANÇAISE
Le français, dans le monde, est parfois sur la défensive. Mais ses atouts sont réels. La Suisse s'était longtemps méfiée de la francophonie. Maintenant, sa participation est incontestée. On voit que ça paie.
GEORGES PLOMB
Une quarantaine de pays représentés! Plus de 200 élus de plusieurs continents! L'assemblée parlementaire de la francophonie siège lundi et mardi à Berne. Les drapeaux des participants mettent depuis plusieurs jours dans le grand hall du Palais fédéral une flamboyance inhabituelle. Une précédente réunion avait eu lieu en 1979 à Genève. Mais, à l'époque, la Suisse n'était pas encore membre à part entière de l'organisation.
Un grand débat, lundi, portera sur "la marginalisation des parlements dans le contexte de la mondialisation". D'autres grands thèmes suivront mardi, comme les situations de crise dans l'espace francophone (Haïti, Madagascar, Centrafrique...), l'enseignement du français comme langue étrangère, mais aussi la sécurité alimentaire, la situation économique des femmes, l'accès des pays en voie de développement aux médicaments, etc.
DEUXIEME LANGUE
Bien sûr, la promotion du français sera renforcée. En chiffres absolus, le français figure au 11e rang dans le monde. Il est parfois sur la défensive. Ainsi, parmi les nouveaux pays candidats à l'Union européenne, c'est l'allemand qui domine. Mais, en général, le français reste, en dehors de l'anglais, la langue la plus souvent choisie comme langue étrangère.
Parmi les pistes possibles, on pourrait privilégier l'apprentissage plurilingue (exemple: deux langues étrangères, dont le français, à l'école secondaire), le développement d'outils pédagogiques recourant aux nouvelles technologies de la communication, la promotion, parmi les pays membres, de l'emploi obligatoire du français dans la diplomatie et les organisations internationales ... On verra ce que l'assemblée en pensera. Dans ce débat, le Neuchâtelois Rémy Scheurer jouera un rôle en vue.
La Suisse a mis du temps pour adhérer à l'assemblée parlementaire (comme aux autres organes de la francophonie). Longtemps, beaucoup - y compris quelques Romands - y ont perçu une menace pour l'unité de la Suisse. Cette crainte va s'estomper. Dès 1967, des élus fédéraux participent à titre individuel à l'assemblée. Gilbert Baechtold, socialiste vaudois, joue un rôle de pionnier, le canton du Jura, qui adhère dès 1979, aussi. Le déblocage a lieu dans les années 80. Dès 1990, le budget fédéral prend en charge la contribution suisse. Quatre cantons romands - Jura, Vaud, Valais et Genève - sont même directement représentés (Fribourg et Neuchâtel, non).
Aujourd'hui, observe John Clerc, secrétaire général adjoint de l'Assemblée fédérale, plus personne ne conteste la participation suisse. On se rend compte qu'elle est payante. On l'a vérifié lors du duel entre Genève et Bonn pour l'attribution du siège de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui succédait au GATT. Eh bien, c'est largement grâce à l'appui des Etats de la francophonie que Genève a empoché la partie. Avec la proche adhésion de la Suisse à l'ONU, cet atout pourrait s'en trouver renforcé.
DEISS ET LES NEUCHATELOIS
A Berne, on attend des interventions de Joseph Deiss (ministre des Affaires étrangères), de Boutros Boutros-Ghali (secrétaire général de la francophonie) et d'autres. Quant aux élus suisses, ils seront une dizaine (5 titulaires et 5 suppléants). Les Neuchâtelois y viendront en force avec quatre élus (Michèle Berger, Jean Studer, Didier Berberat, Rémy Scheurer). S'ajouteront deux Vaudois (Christiane Langenberger et Jean Fattebert), une Fribourgeoise (Thérèse Meyer), une Genevoise (Liliane Maury Pasquier), un Valaisan (Charles-Albert Antille), un Jurassien (Pierre Paupe). Antille en sera le président, Studer, le vice-président. Puis Lausanne, du 11 au 13 décembre, recevra la Conférence ministérielle de la francophonie. GPb
Une vision sans sécession
GEORGES PLOMB
Vive l'Organisation internationale de la francophonie! Au fond, elle fut l'une des premières institutions d'extension mondiale qui permit à la Suisse, avant l'ONU, de sortir d'un dangereux isolement. Du coup, on se demande comment on a pu attendre si longtemps avant de franchir le pas.
C'est vrai: le mouvement de la francophonie naît dans les années torrides de l'affaire jurassienne. Roland Béguelin, imprécateur flamboyant, y développe une théorie des ethnies qui fait trembler. Au pire, elle peut casser la Suisse des quatre langues. Et comme Béguelin et les siens comptent parmi les adeptes les plus éloquents de la francophonie, l'amalgame est vite fait.
Mais cet amalgame est trompeur. La francophonie est d'abord une invention d'anciennes colonies de la France qui ont tout autre chose en tête. D'ailleurs, la France, avant de les rejoindre, se fera tirer l'oreille. Dans ces pays nouvellement indépendants, qui ont leurs langues, le français est conçu comme un outil d'administration, de communication et de culture. Il n'y a pas de vision sécessionniste. Dans la Suisse des quatre langues aussi, où le français est le seul parler à peu près planétaire (l'allemand ne dépasse guère l'Europe orientale), c'est un atout à exploiter.
Depuis, presque tout le monde l'a compris, les Romands, mais encore les Alémaniques, les Tessinois et les Grisons dont bon nombre faisaient depuis longtemps un large usage, national et international, du français. Face au rouleau compresseur de l'anglais, c'est peut-être aussi l'ultime chance de ne pas finir en peuple tristement monolingue.
Les lauriers de Georges Plomb (Blog depuis 2007)