L'élection du médecin de 56 ans marque le retour du Tessin au gouvernement après 18 ans d'absence. Le suspense n'a pas duré trop longtemps pour le chef du groupe PLR aux Chambres fédérales.
Ce résultat était attendu. De nombreux parlementaires avaient reconnu au Tessin le droit de revenir au Conseil fédéral. Le PLR ayant présenté un choix de trois candidats, l'émergence d'une candidature sauvage aurait été une grosse surprise.
Siège PLR non contesté
Aucun groupe ne contestait le siège au PLR. Mais seule l'UDC avait appelé clairement à voter pour Ignazio Cassis dont la proximité avec le lobby des assureurs maladie (il est président de Curafutura) dérange un certain nombre de parlementaires à gauche.
Mais ces derniers n'ont pas fait le poids pour barrer la route au Tessinois. L'éparpillement des voix entre les deux prétendants romands a servi le favori. Le PDC et le PVL ont laissé le libre choix entre les trois poulains PLR.
Le Ps s'est muré dans le silence. Le PBD quant à lui roulait clairement pour le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet. Les Verts voulaient renforcer la présence des femmes à l'exécutif et soutenaient la conseillère nationale vaudoise Isabelle Moret.
Ignazio Cassis a mené le bal dès le premier tour où il est arrivé en tête avec 109 voix sur 242 bulletins valables. Il était déjà suivi de Pierre Maudet (62) devant Isabelle Moret (55), mais 16 parlementaires avaient alors voté pour quelqu’un d’autre.
Quatre autres conseillers fédéraux ont été élus dès le 2e tour de scrutin depuis 1959. Ignazio Cassis a fait le même score qu'Eveline Widmer-Schlumpf en 2007. Alain Berset avait obtenu 126 voix en 2011 et Hans-Rudolf Merz 127 en 2003. Adolf Ogi les avaient tous dépassés avec 132 voix en 1987.
Immense respect
L'actuel chef du groupe PLR aux Chambres fédérales a accepté son élection au Conseil fédéral avec une "grande joie et un immense respect", a-t-il déclaré à la tribune en italien. Il a assuré qu'il respectera la collégialité. Il a ensuite prêté serment en italien, en levant trois doigts de sa main droite.
Le monde évolue vite, et la position de la Suisse au coeur de l'Europe représente autant une chance qu'un défi. Le conseiller national voit dans son élection au gouvernement la reconnaissance des problèmes auxquels les régions frontalières, comme le Tessin, sont confrontées.
Dans son discours, Ignazio Cassis a aussi fait l'éloge de la différence. Citant Rosa Luxembourg, il a rappelé que la "liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement". Respecter et défendre les opinions différentes seront ma tâche de conseiller fédéral.