Le ministre de la formation Guy Parmelin a rappelé l'importance de la formation professionnelle supérieure: plus de 29'000 diplômes sont décernés chaque année, soit plus d'un tiers de tous les diplômes de degré tertiaire. Le projet vise à valoriser cette voie qui, actuellement, "manque de prestige et de visibilité", notamment à l'étranger, selon le conseiller fédéral.
Il s'agit aussi de montrer aux jeunes que même un CFC permet un diplôme de degré tertiaire, avec "d'excellentes perspectives de carrière et de salaire", a continué M. Parmelin. Et de souligner que la formation professionnelle supérieure permet de fournir aux PME des spécialistes et des cadres "dont on a besoin" dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre qualifiée.
Compléments de titre
Le gouvernement a donc concocté un projet introduisant quatre mesures en faveur des écoles supérieures (ES). Premièrement, les diplômes de la formation professionnelle supérieure doivent être complétés avec les termes "Professional Bachelor" et "Professional Master". Ces compléments de titre ne peuvent être utilisés qu'avec les titres protégés des diplômes concernés.
Le Conseil des Etats a refusé sur le fil, par 23 voix contre 22, d'apporter une distinction supplémentaire. Tous les camps étaient divisés. La commission préparatoire demandait que les diplômes des examens professionnels supérieurs, comme le brevet fédéral, portent la mention "Professional Bachelor", tandis que ceux des écoles supérieures portent celle "Professional Bachelor en ...", suivie de l'orientation.
Pour la commission, Matthias Michel (PLR/ZG) a plaidé pour cette distinction, rappelant qu'il s'agit de deux filières de formation différentes. Fabien Fivaz (Vert-e-s/NE) a au contraire dit préférer la version gouvernementale, craignant que cette distinction ne défavorise les personnes qui n'ont pas étudié dans une ES par rapport à celles diplômées d'une ES.
Une partie du camp bourgeois était opposée à tout changement. Les compléments de titre proposés "sonnent bien" mais ils risquent d'induire en erreur les étrangers qui pourraient penser qu'il s'agit de titres universitaires, a avancé Benjamin Mühlemann (PLR/GL).
"Voulons-nous académiser la voie professionnelle?", a ajouté Johanna Gapany (PLR/FR). Elle a encore refusé de "faire croire que la force de notre système dual en Suisse est une faiblesse à l'international". Sans succès. Le changement a été avalisé par 32 voix contre 10.
Ajout de l'anglais
Le projet prévoit aussi l'ajout de l'anglais comme possible langue d'examen supplémentaire pour les examens professionnels fédéraux et professionnels fédéraux supérieurs, comme cela est déjà le cas pour les autres diplômes du degré tertiaire. Les examens devront cependant continuer à être proposés dans les langues nationales, a rassuré M. Michel.
Le Conseil fédéral a encore prévu que seules les institutions de formation et leurs filières qui proposent une filière de formation ES reconnue pourront s'appeler "école supérieure". Enfin, les filières d'études post-diplômes des écoles supérieures ne devront plus être reconnues par la Confédération ni passer par une procédure de reconnaissance. Elles pourront être ajustées avec souplesse aux besoins du marché du travail dans des délais raccourcis.
Le dossier part au National.