Le Conseil national en bref
(ats) Les Chambres ne parviennent pas à se mettre d'accord sur la marge de manoeuvre laissée au Conseil fédéral pour fixer la part de l'impôt sur les huiles minérales. Le National veut un montant fixe, a-t-il insisté mercredi par 124 voix contre 61. L'objet repart au Conseil des Etats.
Les autres décisions:
EMBOUTEILLAGES: il a adopté par 98 voix contre 93 une motion de Fabio Regazzi (PDC/TI) qui veut réduire une heure l'interdiction pour les poids lourds de circuler la nuit, soit entre 22h et 4h du matin. Il espère ainsi réduire les risques d'embouteillages matinaux dans les villes. Le Conseil des Etats doit encore donner son avis.
POIDS LOURDS: par 108 voix contre 83, il a accepté une motion de Jean-François Rime (UDC/FR) visant à relever de 40 à 44 tonnes la limite de poids pour le transport de bois. La majorité ouvre ainsi une brèche dans l'interdiction des 40 tonnes, acceptée par le peuple en votation populaire. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
VIA SICURA: il a accepté par 101 voix contre 86 de ne plus sanctionner par de la prison les chauffards qui roulent à 100 km/h en ville. Cette disposition de Via sicura devrait être assouplie afin d'éviter des sanctions disproportionnées, selon la motion de Jean-Paul Gschwind (PDC/JU). Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
SANCTIONS ROUTIERES: il a rejeté par 126 voix contre 67 une motion de Walter Wobmann (UDC/SO) qui veut rendre aux automobilistes l'argent récolté par les cantons grâce aux amendes routières. Il a dénoncé un "racket des automobilistes", sans toutefois convaincre la majorité.
SERVICE PUBLIC: il a accepté de justesse deux postulats de la droite, visant les offres de contenu de la SSR et son budget. Mais pas question de toucher à sa forme juridique: une motion de Thomas Aeschi (UDC/ZG) a elle été rejetée par 114 voix contre 77. Le Conseil des Etats débattra dans quelques jours sur le service public.
SECRET PROFESSIONNEL: il a donné tacitement suite mercredi à une initiative parlementaire de Christa Markwalder (PLR/BE). Le droit suisse devrait permettre aux juristes d'entreprise de refuser de témoigner et de produire des pièces.
MARCHANDISES DANGEREUSES: il a adopté de justesse, par 98 voix contre 94, un postulat de Viola Amherd (PDC/VS) demandant au gouvernement d'étudier s'il convient de rendre obligatoire le transport de marchandises dangereuses par le rail au Simplon. Le but étant d'éviter des accidents. Il n'existera jamais de risque 0 au Simplon, malgré les dizaines de millions investis chaque année pour la sécurité, a dit en vain la ministre des transports Doris Leuthard.
TRANSPORT AÉRIEN: il a donné suite par 131 voix contre 52 à une motion PDC exigeant de ne pas limiter l'âge des pilotes d'hélicoptère à 60 ans. La Suisse doit reprendre le droit européen applicable à l'aviation pour garantir l'accès de son industrie de au marché européen, a souligné en vain la ministre des transports Doris Leuthard. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
TRAFIC: il a enterré par 114 voix contre 73 une motion de Walter Wobmann (UDC/SO) qui demandait la réautorisation sur les routes suisses des avertissements de contrôles du trafic, interdits dans la foulée du premier train de mesures Via sicura. Ces avertissements profitent surtout aux usagers qui ne respectent pas les règles de la circulation, a souligné la ministre des transports Doris Leuthard.
CIRCULATION ROUTIERE: Aucune mesure supplémentaire n'est nécessaire pour assurer la sécurité des piétons lorsqu'ils traversent la route. Le National a rejeté par 125 voix contre 61 une motion de Sylvia Flückiger (UDC/AG) qui voulait exiger des piétons d'être davantage attentifs à l'heure de programmes distrayants comme Skype, Whats'app ou de jeux comme Pokémon Go. De telles mesures ont prouvé en Europe qu'elles ne font pas chuter les accidents, a souligné Doris Leuthard.
TÉLÉCOMMUNICATIONS: il a enterré par 150 voix contre 37 une motion de Lorenzo Quadri (Lega/TI) qui demandait, pour protéger la concurrence sur les réseaux de télécommunications, de formuler des règles d'accès au réseau de manière complètement neutre au niveau technologique. Cette demande vient trop tôt, a dit la conseillère fédérale Doris Leuthard. Il ne faut combler pour l'heure que les lacunes les plus urgentes du régime d'accès au réseau.
ELECTRICITÉ: il a enterré par 130 voix contre 62 une motion de Jans Beat (PS/BS) qui demandait à l'administration que les prix de l'électricité payés par les consommateurs aux fournisseurs figurent quelque part dans les statistiques fédérales. Des questions concernant la disponibilité des données, leur qualité et quantité ainsi que les coûts d'une telle statistique doivent être clarifiées, a défendu la ministre de l'énergie Doris Leuthard.
GAZ A EFFET DE SERRE: il a adopté deux motions PLR qui demandaient de faire un geste aux entreprises vis-à-vis des exigences qui les lient en matière de CO2. Le premier texte, qui souhaitait donner à toutes les sociétés la possibilité de se faire exempter de la taxe sur le CO2, a été approuvé de justesse, par 97 voix contre 96, grâce à la voix prépondérante de la présidente de la Chambre Christa Markwalder (PLR/BE). Le second, accepté par 103 voix contre 88, voulait rendre facultative la participation au système d'échange de quotas d'émission. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
GAZ A EFFET DE SERRE BIS: il a enterré par 97 voix contre 96 une motion de Thomas de Courten (UDC/BL) qui voulait mieux soutenir les entreprises couvertes par le système d'échange de quotas d'émission de CO2. Certaines n'arrivent pas à acquérir suffisamment de droits sur le marché national parce que les systèmes suisse et européen ne sont pas couplés, et voient leur compétitivité entravée. C'est la dure loi du marché, a dit la conseillère fédérale Doris Leuthard.
ENVIRONNEMENT: il a enterré par 122 voix contre 66 une motion de Regula Rytz (Verts/BE) qui demandait au gouvernement d'interdire l'exportation de mercure, un métal lourd très toxique pour la santé et l'environnement. Le texte va trop loin et trop vite, le Conseil fédéral doit trouver une solution qui soit plus pondérée avec l'économie, a affirmé la ministre de l'environnement Doris Leuthard.
SCÈNE INTERNATIONALE: il a donné suite à deux initiatives parlementaires, l'une UDC l'autre PDC, demandant d'associer davantage le Parlement aux travaux menés par la Suisse au sein de rencontres internationales comme celles de l'OCDE. Le National ne veut pas s'en tenir aux mesures déjà prises par le Conseil fédéral.
POISSONS: il a rejeté par 118 voix contre 70 une motion UDC qui voulait "naturaliser" la truite arc-en-ciel. Elle demandait d'assouplir les restrictions à l'introduction de ce poisson américain dans des cours d'eau naturels en Suisse. Le Conseil fédéral craignait pour la faune locale.
Le National retient l'application "light" de l'initiative de l'UDC
(ats) La Suisse doit limiter l'immigration en exploitant mieux sa main-d'oeuvre résidente. Au besoin, le Conseil fédéral pourrait aussi prendre des mesures correctives enfreignant la libre circulation, mais seulement avec l'aval de Bruxelles, a décidé le National mercredi.
Le gouvernement vise aussi un accord avec l'UE. En attendant et comme l'initiative sur l'immigration de l'UDC doit être mise en oeuvre d'ici au 9 février 2017, il a proposé de contingenter tous les permis de plus de quatre mois, mais avec une clause de sauvegarde pour les citoyens de l'UE et de l'AELE.
Pour ces derniers, un seuil d'immigration serait fixé au-delà duquel la Suisse définirait unilatéralement des contingents qui pourraient aussi s'appliquer aux frontaliers. Une voie beaucoup trop dangereuse aux yeux du National qui a préféré la solution "light" de sa commission des institutions politiques. Seule l'UDC l'a combattue.
Préserver les bilatérales
Son premier but est de préserver la voie bilatérale, ont défendu tous les autres partis. Le projet doit débloquer la situation politique avec Bruxelles qui n'accepte pas de remise en cause de la libre circulation. Il doit aussi permettre de ratifier le protocole étendant la libre circulation à la Croatie, condition pour la pleine réintégration de la Suisse au projet de recherche Horizon 2020.
Le Conseil fédéral devrait prendre des mesures pour épuiser le potentiel offert par la main-d'oeuvre indigène. Si cela ne suffit pas, il pourrait obliger les employeurs à communiquer les postes vacances aux offices régionaux de placement sous peine d'une amende pouvant aller jusqu'à 40'000 francs.
A condition que l'immigration européenne persiste et en cas de problèmes économiques ou sociaux importants, le gouvernement pourrait prendre des "mesures correctives appropriées", non précisées dans la loi. A lui de définir pour quelles régions ou catégories professionnelles.
Aval de l'UE indispensable
Si elles ne sont pas compatibles avec l'accord sur la libre circulation des personnes, il faudra toutefois l'aval du comité mixte Suisse/UE. La majorité n'a pas voulu laisser de marge de manoeuvre au Conseil fédéral.
Défendue par Gerhard Pfister (PDC/ZG), l'idée de permettre au Conseil fédéral de prendre des mesures correctives si le comité mixte n'arrive pas à s'entendre dans un délai de 60 jours n'a toutefois été repoussée que par 98 voix contre 93 et cinq abstentions.
L'UDC n'a eu de cesse de dénoncer un projet méprisant la volonté populaire car sans contingents et ne permettant pas une gestion autonome de l'immigration. Après avoir échoué à renvoyer sa copie à la commission, elle n'a guère eu plus de chances avec des durcissements proposés sur la base du concept du Conseil fédéral. Pas question pour la majorité de soumettre les citoyens de l'UE au même système de contingents que ceux des pays tiers.
Davantage de saisonniers
L'UDC s'est toutefois unie au PDC et au PBD pour permettre des exceptions aux mesures correctives que le Conseil fédéral devra prendre en cas d'immigration excessive. Les autorisations de séjour de séjour ne pourront être limitées qu'à partir de neuf mois et pas déjà quatre, a décidé une majorité de 99 voix contre 92 et 5 abstentions.
Il faut éviter des difficultés supplémentaires à la gastronomie, à l'agriculture et au tourisme, a plaidé M. Pfister. Cette exception ne serait pas cohérente, elle augmentera l'immigration de personnel peu qualifié, une catégorie qui sera la première à se retrouver au chômage en cas de difficultés conjoncturelles, a objecté la ministre de justice Simonetta Sommaruga. En vain.
La Chambre du peuple a également refusé de contingenter les autorisations de séjour pour les personnes des pays tiers ne venant pas travailler. Il n'y aura pas de quotas d'étudiants, de rentiers ou encore d'étrangers venant se faire soigner en Suisse. Idem pour les permis délivrés au titre du regroupement familial. Mais ce dernier a failli être supprimé pour les détenteurs d'une autorisation de courte durée.
Contre les abus
Afin d'éviter les abus à la libre circulation, les étrangers séjournant en Suisse comme chercheurs d'emploi devraient être exclus de l'aide sociale. Ceux qui se retrouvent au chômage durant la première année de séjour devront quitter le pays dans les trois mois: le National a divisé par deux le délai proposé par le Conseil fédéral.
Qualifiant le projet adopté de totalement vide, le président de l'UDC Albert Rösti (BE) a toutefois laissé la question d'un référendum ouverte. Le dossier passe d'abord au Conseil des Etats.
Le Conseil des Etats en bref
(ats) Le financement des soins en EMS fournis hors du canton de domicile et non pris en charge devrait être réglé par le canton où réside le patient. L'assuré pourrait aussi passer à la caisse. Le Conseil des Etats a adopté mercredi par 40 voix sans opposition un projet en ce sens. Le National doit encore se prononcer.
Les autres décisions:
ARMEE: il a enterré tacitement une motion du National qui voulait forcer la main du Conseil fédéral pour agender de nouvelles acquisitions d'armement pour 2017. Vouloir à tout prix acheter au plus vite risque de forcer le Conseil fédéral à proposer des projets qui ne sont pas encore prêts, a fait valoir le Conseil fédéral, suivi par les sénateurs.
ASSURANCE MALADIE: il a adopté par 31 voix contre 12 une motion PDC qui vise à augmenter la franchise minimale de l'assurance maladie en l'indexant régulièrement aux coûts. Cela renforcera la responsabilité individuelle et pourrait contribuer à faire baisser les coûts de la santé, selon la majorité. La gauche et le Conseil fédéral s'y sont opposés en vain.
ASSURANCE MALADIE BIS: il a mis sous toit une révision de la loi sur l'assurance maladie portant sur les dispositions à caractère international. Les cantons passeront à la caisse pour l'hospitalisation en Suisse des personnes résidant dans l'UE mais assurées auprès d'une caisse helvétique.
ASSURANCE MALADIE TER: il a transmis pour examen à sa commission de la santé publique une motion d'Alex Kuprecht (UDC/SZ) demandant qu'assureurs maladie et fournisseurs de prestations négocient les tarifs des laboratoires médicaux. L'obligation faite aux caisses de rembourser les frais d'où qu'ils viennent devrait en outre être levée.
FINANCEMENT HOSPITALIER: il a adopté par 31 voix contre 2 une motion demandant quels cantons ont subventionné des hôpitaux entre 2012 et 2015 pour des coûts qui ont été pris en charge par l'assurance maladie. Le texte reprend une demande contenue dans une initiative bernoise à laquelle les sénateurs n'ont pas donné suite. Le National doit encore se prononcer.
ETRANGERS: il a enterré une motion du National demandant d'améliorer les échanges de données entre assurances sociales et autorités chargées des étrangers. Le Conseil fédéral a déjà soumis au Parlement des propositions dans ce sens.
CABINETS: il a refusé de donner suite à une initiative cantonale tessinoise demandant de prolonger le moratoire sur l'ouverture des cabinets médicaux jusqu'à mi-2019. Le Parlement a déjà franchi le pas.