(ats) Ignazio Cassis est devenu mercredi le 117e conseiller fédéral. Son élection signe le retour du Tessin au gouvernement après 18 ans d'absence. Elle s'est déroulée sans accroc, seulement ponctuée de quelques regrets quant à la relégation de la candidature féminine.

"C'est un moment de fête", a lancé devant les médias Ignazio Cassis, après avoir entamé la journée plein d'espoir, mais sans certitude. Le suspense n'a pourtant pas duré trop longtemps pour le chef du groupe PLR aux Chambres fédérales. Il l'a emporté au 2e tour par 125 voix sur 244 bulletins valables, devant Pierre Maudet (90 voix) et Isabelle Moret (28). Le médecin de 56 ans a mené le bal dès le 1er tour où il est arrivé en tête avec une cinquantaine de voix de plus que ses poursuivants.

Ce résultat était attendu. De nombreux parlementaires avaient reconnu au Tessin le droit de revenir au Conseil fédéral. Et aucun parti ne contestait le ticket à trois présenté par le PLR. Mais seule l'UDC avait appelé clairement à voter pour le Tessinois.

Problèmes frontaliers reconnus

Ignazio Cassis a accepté son élection au Conseil fédéral avec une "grande joie et un immense respect", a-t-il déclaré à la tribune en italien, avant de prêter serment. L'annonce du résultat lui a fait sentir le poids de ses nouvelles responsabilités, il sera "à 200% au service du pays, de toutes les régions et de toute la population", a-t-il promis.

Le 8e conseiller fédéral issu du Tessin voit dans son élection la reconnaissance des problèmes auxquels les régions frontalières, comme son canton, sont confrontées. La présence de l'italianité au sein du collège gouvernemental est aussi importante pour la cohésion nationale. Elle apporte enfin un savoir pour négocier avec un important voisin: l'Italie.

Fidèle à ses positions

Le nouvel élu a promis qu'il ne changerait pas. Avant de répéter qu'il se tiendra aux décisions collégiales du Conseil fédéral et n'a fait aucune promesse aux autres partis. "Les positions extrémistes ne permettent pas d'aller de l'avant, mais j'apporterai toutes mes positions libérales-radicales au gouvernement", a-t-il déclaré.

Ignazio Cassis veut consolider la voie bilatérale avec l'UE. Des questions institutionnelles doivent être réglées. Il importe peu que ce soit sous la forme d'un accord cadre ou non. Le nouveau conseiller fédéral devra toutefois attendre vendredi et la répartition des départements pour voir s'il reprend les manettes des affaires étrangères après le départ de Didier Burkhalter fin octobre.

Le PLR et les femmes

L'udc, le PDC, le PLR, les Vert'libéraux et le PBD se sont dits très satisfaits de l'élection d'Ignazio Cassis. Si le Tessinois a été élu, c'est notamment grâce aux voix de l'UDC. "J'espère qu'il ne l'oubliera pas", a lancé le président de l'UDC Albert Rösti (BE). Le PS attend lui du nouveau ministre une politique pour le bien de la population et non au service d'un parti ou de groupes d'intérêt.

La gauche a émis des regrets pour la non-élection d'une femme au Conseil fédéral pointant un éventuel problème au sein du PLR. "Depuis 1848, 69 hommes libéraux-radicaux ont été élus au Conseil fédéral et seulement une femme. Seule l'UDC est plus conservatrice", a écrit la présidente des Verts Regula Rytz dans un tweet.

La conseillère d'Etat vaudoise PLR Jacqueline de Quattro a aussi regretté que la représentation féminine ne soit "toujours pas une priorité en 2017". Elle verrait bien un double ticket femmes lors de la prochaine vacance au Conseil fédéral. La pression monte aussi au PDC, a reconnu son président Gerhard Pfister en allusion au départ de Doris Leuthard, annoncé au plus tard en 2019.

Pas de virage à droite

Le politologue Louis Perron ne croit pas que l'entrée d'Ignazio Cassis va faire pencher le Conseil fédéral plus à droite. "L'Assemblée a élu un libéral-radical qui remplace un libéral-radical". Le nouvel arrivant se distinguera par des nuances.

Pour le politologue Oscar Mazzoleni, l'élection de mercredi a donné un deuxième vainqueur, le PLR suisse. Cette formation a bénéficié d'une visibilité maximum ces trois derniers mois, lui permettant de se montrer sous un jour moderne et novateur. Cela peut jouer un rôle pour les futures échéances électorales.

La fête du Tessin

Une centaine membres du PLR tessinois ont accueilli l'élection de "leur" conseiller fédéral par des cris de joie et des bravos devant le Palais fédéral. Un lâcher de ballons rouges et bleus a marqué l'arrivée de l'élu au milieu de ses fans. Les Tessinois se réjouissent de l'élection d'Ignazio Cassis. "C'est un jour important" a dit le président du gouvernement tessinois, Manuele Bertoli.