La Délégation pour les relations avec le Bundestag a accueilli en Suisse son homologue allemande du 2 au 4 novembre 2016. Les deux délégations se sont notamment penchées sur les progrès des deux pays concernant le tournant énergétique et sur le stockage des déchets radioactifs, mais aussi sur des projets transfrontaliers de transports et sur la gestion des grands projets de construction. Elles se sont également entretenues avec les secrétaires d’Etat Jacques de Watteville, sur l’état des négociations entre la Suisse et l’UE, et Mario Gattiker, sur la situation en matière de migration et d’asile dans les deux pays.

Les membres de la délégation allemande et de la délégation suisse se sont d’abord rendus au Tessin, où ils ont rencontré des représentants des CFF et d’AlpTransit Gothard SA pour un repas de travail consacré à la réalisation de la Nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes (NLFA) et à la gestion des grands projets de construction. La délégation suisse a fait remarquer que les infrastructures mises en place en Suisse ne pouvaient déployer toute leur efficacité que si elles étaient intégrées au système européen. La délégation allemande lui a alors assuré qu’il y avait, en Allemagne, un consensus politique sur la priorité absolue qu’il fallait donner à l’aménagement de l’axe nord-sud.

Le lendemain, les deux délégations ont d’abord visité le Centro Svizzero di Calcolo Scientifico (CSCS) de l’EPFZ à Lugano. A l’aide d’exemples concrets, le directeur et le vice-directeur de ce centre de calcul de haute performance ont montré aux délégations dans quelle mesure leurs «superordinateurs» apportaient une contribution essentielle à la recherche de pointe en Suisse.

A Bellinzone, les délégations ont ensuite rencontré des représentants de l’Office fédéral de l’énergie et de la Société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs (NAGRA). Après une brève présentation des projets proposés dans le cadre de la Stratégie énergétique 2050 et de l’état actuel de la procédure de sélection des dépôts en profondeur pour le stockage des déchets radioactifs, les représentants des deux pays ont échangé leurs vues sur l’approvisionnement énergétique durable. Contrairement à la Suisse, l’Allemagne a fixé des dates butoir pour la mise hors service de toutes ses centrales nucléaires. Dans le contexte de la votation populaire à venir sur l’initiative «Sortir du nucléaire», les deux délégations ont abordé les coûts de la désaffectation des centrales nucléaires, la sécurité de l’approvisionnement énergétique et le stockage des déchets radioactifs. Les deux parties ont estimé que la Suisse et l’Allemagne devaient faire face à des défis similaires et qu’il était important qu’elles échangent leurs expériences, afin d’en tirer mutuellement profit.

Le président du Conseil d’Etat tessinois, M. Paolo Beltraminelli, et le chancelier d’Etat, M. Arnoldo Coduri, ont saisi l’occasion de cette visite pour évoquer les spécificités du Tessin. Selon eux, la situation géographique et démographique particulière de ce canton charnière entre le nord et le sud – et les défis que cela implique – joue un rôle important: en raison de l’afflux de travailleurs et de capitaux étrangers, le Tessin est plus que jamais sous pression. L’ouverture de la NLFA laisse espérer une réorientation des échanges intercantonaux et des liaisons avec les territoires voisins et, partant, une amélioration de la compétitivité du canton.

Le séjour au Tessin s’est achevé par la visite et la traversée du tunnel de base du Saint-Gothard, l’élément clef de la NLFA et le plus long tunnel ferroviaire du monde avec ses 57km.

Le jour suivant, les délégations ont rencontré le négociateur en chef suisse avec l’UE, le secrétaire d’Etat Jacques de Watteville, à Berne. Ce dernier a souligné l’excellente qualité des relations entre la Suisse et l’Allemagne et l’intensité des échanges diplomatiques entre les deux pays. Dans l’optique du débat prévu à la session d’hiver, les différents interlocuteurs ont évoqué la mise en œuvre de l’initiative «Contre l’immigration de masse». La Suisse a mentionné les mesures prévues par le Conseil national, précisant qu’elles devaient encore être confirmées ou modifiées par le Conseil des Etats.

Les délégations se sont ensuite penchées sur les questions de l’asile et de la migration avec le secrétaire d’Etat aux migrations, M. Mario Gattiker. Celui-ci les a informées de la situation actuelle dans les régions frontalières suisses ainsi que de la mise en œuvre de la révision de la loi sur l’asile, que le peuple suisse a acceptée en juin 2016. Il a également souligné que la coopération avec les autorités italiennes et allemandes de contrôle aux frontières et la collaboration prévue par les accords de Dublin fonctionnaient très bien. La délégation allemande a expliqué que l’Allemagne devait faire face à d’énormes défis en raison du nombre élevé de requérants d’asile et qu’elle souhaitait poursuivre avec la Suisse un échange de vues sur les procédures permettant de réduire les temps de traitement des demandes d’asile.

A l’issue de la visite – qui aura duré presque trois jours entiers –, les deux parties ont estimé que ces rencontres bilatérales régulières au niveau parlementaire étaient importantes, car elles permettaient aux parlements d’approfondir leurs relations et de s’informer mutuellement et précisément de la façon dont ils relevaient les défis.

La Délégation pour les relations avec le Bundestag était emmenée par le conseiller aux Etats Joachim Eder (PLR, ZG), qui était accompagné du vice-président du Conseil national, M. Thomas Hardegger (PS, ZH), des conseillers aux Etats Pirmin Bischof (PDC, SO) et Roland Eberle (UDC, TG), de la conseillère nationale Kathy Riklin (PDC, ZH) et des conseillers nationaux Albert Rösti (UDC, BE), Peter Schilliger (PLR, LU) et Hansjörg Walter (UDC, TG).

Le Groupe parlementaire germano-suisse du Bundestag était représenté par son président, M. Thomas Dörflinger (CDU/CSU, Bade-Wurtemberg), sa vice-présidente, Mme Rita Schwarzelühr-Sutter (SPD), ainsi que Dieter Stier (CDU/CSU), Oswin Veith (CDU/CSU) et Heike Baehrens (SPD).