Monsieur le Président du groupe d’amitiés,
Mes chers collègues députés,
Excellences,
Mes chers collègues parlementaires suisses des deux chambres,

La visite que vous faites au Parlement suisse revêt une éminente signification. Tout d'abord, elle nous permet de témoigner à l'Assemblée nationale le respect que l'Assemblée fédérale éprouve à l'égard d'une institution qui, depuis deux siècles, incarne la démocratie représentative. Ensuite, elle favorise un fructueux échange d'expériences et de vues entre ceux qui de part et d'autre du Jura, dans des conditions politiques et sociales différentes, sont l'expression de la volonté populaire telle qu'elle émane du suffrage universel. Les discussions que nous avons eues et que nous aurons encore montrent la similitude des problèmes auxquelles nous sommes confrontés. Pour évoquer un problème actuel qui fait la une de la presse, pensons simplement à la question des retraites qui vous occupe autant que nous !

La visite que vous rendez à l'Assemblée fédérale me procure, entre autres satisfactions, celle de renouveler le contact personnel que nous avions déjà pris à Paris le 20 février à l’occasion du bicentenaire de l’Acte de médiation qui donna naissance à six cantons dont le mien, Vaud. La révélation que vous fîtes au Palais du Luxembourg sur les origines suisses de Napoléon Ier fut un moment fort de cette cérémonie de l’amitié franco-suisse. A cette occasion, nous avions convenu qu’il était temps qu’une délégation du Groupe d’amitié se rende en Suisse. Quinze ans séparent la dernière visite de ce type de celle d’aujourd’hui. C’est trop long même si naturellement les contacts entre parlementaires des deux pays n’ont pas cessé. C’est ainsi qu’il y a dix jours, M. Voisin, député de l’Ain était au Parlement fédéral pour la réunion de l’OSCE. Et que l’an dernier, M. Bourg-Broc, député de la Marne, conduisait la délégation française à la session de l’Assemblée parlementaire de la francophonie qui se tenait pour la première fois à Berne. Deux présidents de l’Assemblée nationale, M. Mermaz en 1982 et M. Séguin en 1994 nous ont fait aussi l’amitié d’une visite.

Les relations entre la Suisse et l’Union européenne auraient pu être fort simples si la Suisse avait participé directement et dès l’origine à la grande entreprise de la construction européenne. Le poids de ’histoire et le sentiment populaire en ont décidé autrement. L’accord sur l’Espace économique européen de 1992, massivement accepté dans la Suisse d’expression française mais rejeté au niveau du pays tout entier,  aurait constitué un cadre idéal pour nos relations. Il nous a fallu passer par la voie étroite des accords bilatéraux ce qui a pris une dizaine d’années de négociations difficiles. L’appui de la France ne nous a pas fait défaut. Nous sommes reconnaissants à l’Assemblée nationale d’avoir ratifié ces accords ce qui a permis leur entrée en vigueur. Nous négocions une nouvelle série d’accords qui devraient marquer un nouveau rapprochement entre une Suisse quelque peu isolée et une Europe qui s’élargit.

Mes chers collègues,

Nous-mêmes puisons dans la diversité de nos vingt-six cantons une des sources profondes de notre unité nationale. Puissiez-vous trouver dans le contact avec des élus suisses qui ont une longue pratique du fédéralisme des raisons supplémentaires de poursuivre dans la voie que vous avez choisie dès 1981 et qui a été renforcée par de récentes propositions du premier ministre Raffarin. Moi-même, ancien maire de la ville de Vevey, je vous souhaite à connaître les bienfaits qui découlent pour les citoyens d'un surcroît de responsabilité des collectivités locales.

Nul n’est besoin d’insister sur l'étendue et la qualité des étroites relations entre la France et la Suisse. Mais, au-delà des liens tissés entre nous par la géographie et par l'histoire, c'est l'idée commune que nous nous faisons de l'homme qui confère à nos rapports leur véritable dimension. Et parmi ces valeurs que nous partageons, il y a la primauté du droit international. C’est dire que nos sentiments étaient les mêmes voici deux mois. La Suisse est reconnaissante au Président de la République d’avoir cherché jusqu’au bout une solution pacifique à la crise irakienne.

Trop de choses nous rapprochent pour que la Suisse considère la France comme un pays étranger. Ce n’est pas un Suisse ayant épousé une Française, de surcroît petite-fille d’un ancien député de la Cochinchine, qui dira le contraire. Tout bien considéré, il est légitime de dire que la coopération toujours plus poussée entre nos deux pays ne tend à rien d'autres qu'au progrès, à la sécurité et à la paix. C’est dans ces sentiments que la Suisse prête son concours à la tenue du sommet du G 8 à Evian.

Je suis heureuse de saluer les députés à l'Assemblée nationale, institution héritière de l'esprit de liberté de démocratie qui trouve son origine dans la Révolution française et qui a si fortement soufflé sur mon pays.

Je lève mon verre en l'honneur de Monsieur Jean Ueberschlag, député de l’Alsace si chère à nos cœurs qui préside le Groupe d’amitié France-Suisse, en l’honneur des six collègues parlementaires amis de la Suisse qui l’accompagnent, en l’honneur de Monsieur Jean-Louis Debré, président de l'Assemblée nationale, en l'honneur, enfin de la France, pays ami, aujourd'hui autant qu'hier.