​​​ Observation de l'élection présidentielle anticipée en Ukraine (25 mai 2014) – Rapporteur Andreas Gross, Alfred Heer

Question à M. Aliyev, Président de l'Azerbaïdjan – Doris Fiala

Vers une meilleure démocratie européenne: faire face aux enjeux d'une Europe fédérale – Rapporteur Andreas Gross

Cérémonie de commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale – Andreas GROSS

Contribution parlementaire à la résolution du conflit du Sahara occidental – Liliane Maury Pasquier, Doris Fiala, Luc Recordon

Débat d'actualité - Les conséquences politiques et humanitaires de la crise en Ukraine – Doris Fiala, Andreas Gross

Discours de M. Porochenko, Président de l'Ukraine – Question de M. Andreas Gross

Les défis qui se posent à la Banque de développement du Conseil de l'Europe – Luc Recordon

Renforcement de l'indépendance de la Cour européenne des droits de l'homme – Luc Recordon

Une justice pénale des mineurs adaptée aux enfants: de la rhétorique à la réalité – Luc Recordon

 

Observation de l'élection présidentielle anticipée en Ukraine (25 mai 2014) – Rapporteur Andreas Gross, Alfred Heer

M. GROSS (Suisse), rapporteur de la commission ad hoc du Bureau sur l'observation de l'élection présidentielle anticipée en Ukraine* – Auch ich kann einer solchen Wahl, wie sie am 25. Mai in der Ukraine stattgefunden hat, in drei Minuten nicht gerecht werden.

Wir können dem ukrainischen Volk zu den Präsidentschaftswahlen gratulieren. Nachdem der ukrainische Präsident in der Nacht vom 21. auf den 22. Februar geflüchtet war, fasste das Parlament die revolutionäre Entscheidung, diese Wahlen auszuschreiben, um sofort eine neue legitime politische Instanz zu schaffen. Auch wir hatten diese Initiative unterstützt und daran geglaubt.

Seit 1994, als wir begannen, in der Ukraine Wahlen zu beobachten, hat wahrscheinlich noch nie eine so faire, offene Wahl ohne Interventionen und Manipulationen stattgefunden. Obwohl dadurch, dass etwa 24 Wahlbezirke in der Südostukraine durch einige Akteure massiv unter Druck gesetzt wurden, ca. 5 Millionen Bürger von der Wahl ausgeschlossen wurden, war diese Wahl von außerordentlicher Qualität.

Diese Qualität hat die Legitimation geschaffen, die der Präsident benötigt, um für das ganze Land zu sprechen. Wir werden am Donnerstag sehen, dass er sich dieser Verantwortung bewusst und bereit ist, die nächsten Schritte zu tun, nämlich erstens zu verhindern, dass es im Südosten des Landes weiterhin zu gewaltsamen Auseinandersetzungen kommt, und zweitens die Verfassung zu erneuern, um eine bessere Gewaltenteilung zwischen Parlament und Präsident zu schaffen und den extremen Zentralismus zu überwinden.

Außerdem müssen Neuwahlen zum Parlament stattfinden, in dem die Oligarchen noch immer viel zu mächtig sind, damit auch dieses durch das Volk legitimiert wird und der revolutionäre Prozess in eine ordentliche Demokratie überführt werden kann.

Das Ausmaß der Wahlbeteiligung war quasi eine nachträgliche Sanktionierung der Revolution und ein Protest des Volkes gegen das, was im Südosten des Landes passiert.

Deshalb können wir mit dem Verlauf der Wahlen zufrieden sein, obwohl wir natürlich Verbesserungsvorschläge gemacht haben, denn die gesetzlichen Voraussetzungen der Wahlen sind noch nicht perfekt (unsere Vorschläge sind unter § 61 nachzulesen). Aber insgesamt war es eine ausgezeichnete Wahl, die unter äußerst schwierigen Umständen stattfand und zu der wir den Menschen in der Ukraine gratulieren können.

Vielen Dank.

 

M. HEER (Suisse)* – Geschätzter Herr Vorsitzender, geschätzte Damen und Herren! Ich möchte mich zu den Wahlen in der Ukraine äußern, die ich als Wahlbeobachter verfolgte.

Die Wahlen sind technisch einwandfrei abgelaufen, doch die politische Situation stellt sich derzeit schwierig dar. Der Berichterstatter, Kollege Gross, hat gesagt, dass man die Menschen, die am Maidan demonstriert haben und große Hoffnungen in die neue Regierung setzen, nicht enttäuschen dürfe.

Leider muss man sagen, dass es ja bereits eine Revolution in der Ukraine gab, nämlich die Orange Revolution, und dass die Menschen, die damals demonstrierten, bereits einmal massiv enttäuscht wurden. Wir können nur hoffen, dass sich dieses Szenario mit dem neugewählten Präsidenten nicht wiederholen wird. Dafür gibt es jedoch keine Garantie.

Die schwierige Lage in der Ukraine ist m.E. nicht zuletzt darauf zurückzuführen, dass wir es in den letzten Jahren mit korrupten Regierungen zu tun hatten, die nicht für das Volk arbeiten, sondern vor allem die eigenen Taschen füllen wollten. Die Armut und Unzufriedenheit der Ukrainer führten zu Unruhen und wohl zu dem Wunsch, sich an die EU anzulehnen, einen Partner, der sie vielleicht finanziell unterstützen würde, eventuell auch in Zusammenarbeit mit den USA, die als globale Macht ja immer daran interessiert sind, ihre Macht und ihren Einfluss auszuweiten.
Doch möchte ich betonen, dass Europa nicht nur aus EU-Mitgliedsstaaten besteht, sondern auch aus vielen anderen Ländern – u.a. unserem östlichen Nachbarn Russland. Wir sollten daher alles daran setzen, in friedlicher Koexistenz mit allen Ländern in Europa zu arbeiten und unsere gegenwärtigen Probleme auf demokratischem Wege zu lösen.

Es gibt in der Ukraine von Minderheiten bewohnte Regionen, wie die Krim, die im Falle freier Wahlen unter internationaler Beobachtung sicher für den Anschluss an die Russische Föderation stimmen würden. Obwohl dies natürlich nicht durch eine Annexion geschehen kann, sondern nur durch demokratische Prozesse, muss dies berücksichtigt werden.

Ich hoffe, dass der neue Regierungspräsident Poroschenko in diesem Sinne handeln kann.

Besten Dank.

 

Question à M. Aliyev, Président de l'Azerbaïdjan – Doris Fiala

Mme FIALA (Suisse)* – Monsieur le Président, les incidents violents à la frontière de votre pays se sont récemment multipliés. Tous les jours, des personnes sont blessées, dont nombre de civils. Etes-vous prêt à adhérer à un cessez-le-feu et à mettre en œuvre le processus proposé par les coprésidents du Groupe de Minsk, à enquêter sur les incidents qui sont survenus et à veiller au retrait des tireurs d'élite?

 

Vers une meilleure démocratie européenne: faire face aux enjeux d'une Europe fédérale – Rapporteur Andreas Gross

M. GROSS (Suisse), rapporteur de la commission des questions politiques et de la démocratie* – Pour introduire le débat, je me concentrerai sur quelques points que voici.

L'Europe est malade du point de vue politique. C'est un problème institutionnel. Trop de personnes ne se reconnaissent plus dans ce qui se passe en Europe et estiment que celle-ci ne défend pas les intérêts de la majorité. Il faudra donc repenser le cadre institutionnel européen.

Mais il n'y va pas seulement de l'Europe: c'est un problème de démocratie. Les gens pensent que là où la démocratie existe, elle est trop faible, et que là où la politique est forte, la démocratie est absente. La démocratie a donc besoin d'être stimulée par l'Europe, et vice versa.

On retrouve ici la notion allemande, continentale, de fédéralisme. Le fédéralisme n'est pas le centralisme; sur ce point, la tradition américaine a beaucoup influencé l'acception anglo-saxonne du terme, qui s'étend jusqu'aux pays scandinaves. Le fédéralisme, c'est un équilibre des pouvoirs dans un système où il existe différents niveaux de pouvoir. Relever le défi du fédéralisme, c'est donc faire face à la concentration qui prévaut aujourd'hui en Europe et réfléchir à la manière de la décentraliser de sorte que les peuples et leurs représentants participent davantage.

Pourquoi, me dira-t-on, en débattons-nous ici? Certes, nous ne sommes pas l'Union européenne, mais nous pouvons légitimement aborder ce problème car, à l'origine, le Conseil de l'Europe fut précisément fondé par les tenants d'un fédéralisme démocratique en Europe. Nous devions être l'organe qui donnerait une Constitution à l'Europe. Il ne s'agit pas là de théorie abstraite ni d'histoire. Le premier Président de cette assemblée, et sans doute le meilleur prédécesseur de Mme Brasseur, était un Belge, l'un des plus grands hommes politiques belges de l'après-guerre: M. Spaak, qui fut également le premier Président de l'Assemblée générale des Nations Unies. Il démissionna en décembre 1951 de la présidence de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe pour protester contre ce que l'organisation était devenue, bien loin de ce que les pionniers voulaient en faire – l'organe qui doterait l'Europe d'une Constitution. N'en faites pas autant, Madame la Présidente! Notre histoire nous impose donc la responsabilité de repenser l'Europe, d'autant qu'aucun de nos 47 Etats n'est à l'abri de cette maladie structurelle dont elle souffre.

Notre légitimité à en débattre vient aussi du fait que la question de l'équilibre des pouvoirs concerne les parlementaires de tous les pays – en particulier ceux de l'Union européenne. Le débat sur une meilleure séparation des pouvoirs, plus précisément organisée, plus équilibrée, intéresse nos parlements nationaux.

Enfin, vous le verrez en lisant mon rapport, et surtout le projet de résolution, j'ai parfaitement conscience du fait que nous ne pouvons rien imposer, seulement inviter à la réflexion. J'espère que vous prendrez cette invitation au sérieux. N'hésitez pas à en parler chez vous, car les gens s'intéressent à ce problème, ils cherchent d'autres solutions. S'il n'y a jamais eu autant de nationalistes élus au Parlement européen, c'est en réaction à ce déficit: on se tourne vers le lieu où l'on pense que la démocratie devrait exister, mais elle y est trop faible, et là où elle n'existe pas encore, on manque de courage pour chercher à l'y intégrer. Voilà ce que notre débat devrait mettre en avant.

 

Cérémonie de commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale – Andreas GROSS

Herr GROSS – Sehr geehrte Damen und Herren!

Schweigen scheint mir das Entsetzen am angemessensten zum Ausdruck zu bringen, das uns erfassen muss, wenn wir an das zurückdenken, was vor hundert Jahren auf unserem Kontinent begann.

Schweigen, denn es führt uns zu Stille – die größte Antithese zu dem ungeheuren, für uns unvorstellbaren Lärm der explodierenden Granaten und Bomben, Gewehrsalven und zusammenbrechenden Häuser und Wälder, in denen in den folgenden drei Jahrzehnten, erst in Europa, später in der ganzen Welt, über 150 Millionen Menschen zum Opfer fielen, eine unvorstellbare Anzahl, von anderen Menschen zu Tode gebracht.

Schweigen, Stille. Vor hundert Jahren wurde nicht einfach der so genannte Erste Weltkrieg vom Zaune gebrochen; es begann der zweite 31-jährige Krieg in der europäischen Geschichte, der ganz genau genommen, wenn auch nicht für alle und nicht immer gleich heiß, 75 Jahre dauerte – ein ganzes kurzes 20. Jahrhundert lang.

1914 war tatsächlich eine Zäsur. Eine alte Welt, das alte Europa der Imperien, welche die Macht der dünnen, eigensüchtigen Eliten über das Recht stellten, und die vielen einfachen kämpfenden, leidenden, jedenfalls ohnmächtigen Menschen gingen unter in unvorstellbaren, totalen Kriegen, industriellen Gewaltorgien, Massenabschlachtungen. Ein Pole prägte später dazu den Begriff des Genozids, ein anderer den der Verbrechen an der Menschlichkeit, für Norbert Elias war es ein Zivilisationsbruch.

Einem genialen Dichter fiel einmal die Erkenntnis ein, dass aus Katastrophen jeder lernen könne; die eigentliche Kunst sei es, ohne Katastrophen zu lernen. Der erste Teil der Jahrhundertkatastrophe reichte dazu nicht - es bedarf einer weiteren, damit verknüpften Katastrophe. Erst nach dieser, nach 1945, sollte die Menschenwürde nicht mehr den Staaten anvertraut werden, sondern einer revolutionären, überstaatlichen Instanz: unserem Gerichtshof, der Perle unseres Europarates. Wenigstens das Menschenrecht wird jetzt vor staatlicher Macht geschützt.

Am Ende des 3. Drittels der Jahrhundertkatastrophe kam endlich wieder zusammen, was zusammen gehörte. Doch zu einem ähnlich umfassenden, die alten Gegner miteinbeziehenden, Frieden, Freiheit und Demokratie sichernden, transnationalen systemischen Fortschritt reichte es vor bald 25 Jahren nicht mehr. Gewaltvolle Rückfälle waren der Preis.

Diese Schöpfung steht uns immer noch bevor. Wir müssen sie ohne weitere größere Katastrophen schaffen. Denn erst eine transnationale Wertegemeinschaft, die das Recht eines jeden vor jeder fremden Macht zu schützen versteht, kann verhindern, dass in 150 Jahren wieder Einige lieber schweigen möchten, weil wir nicht zu verhindern wussten, was Millionen von Menschen so große Schmerzen zufügte, wie das, was vor hundert Jahren begann.

 

Contribution parlementaire à la résolution du conflit du Sahara occidental – Liliane Maury Pasquier, Doris Fiala, Luc Recordon

Mme MAURY PASQUIER (Suisse), rapporteure de la Commission des questions politiques et de la démocratie – J'ai été nommée rapporteure par la Commission des questions politiques et de la démocratie, le 21 juin 2011, dans le cadre de la procédure visant à accorder au Parlement marocain le statut de partenaire pour la démocratie de notre assemblée. En effet, il a semblé impossible aux membres de la commission de considérer cette demande sans soulever la question du Sahara occidental, dont le statut de territoire non autonome et la situation ne manquent pas de soulever des questions qui nous sont chères, comme la démocratie, l'Etat de droit et la promotion des droits humains.

Pour cette raison, la commission – suivie par l'assemblée – a intégré la question du Sahara occidental dans un paragraphe spécifique de la Résolution 1818 (2011) accordant le statut de partenaire pour la démocratie au Parlement du Maroc dans lequel l'assemblée appelle notamment le Parlement marocain à «contribuer davantage au règlement de la question du Sahara occidental, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies».

Parallèlement – et afin de ne pas conditionner la décision de l'assemblée au sujet du statut à la seule question du Sahara occidental – une proposition de résolution spécifique a été déposée, à partir de laquelle j'ai travaillé ces trois dernières années.

Il est inutile de vous dire que la tâche n'était pas simple. Quand on voit que le Secrétaire général des Nations-Unies et, avec lui, toute l'organisation – ses représentants spéciaux, ses envoyés personnels, la «Mission des Nations-Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental», la MINURSO – s'emploie, depuis si longtemps, à contribuer à une solution politique juste et durable, ce n'est malheureusement pas un simple membre de notre assemblée qui va y parvenir, malgré l'appui de tous nos collègues et du secrétariat! Au moment de présenter brièvement la situation du Sahara occidental, je bute obligatoirement sur le fait que l'histoire autant que la géographie de cette région font l'objet de visions et d'interprétations différentes par les parties en conflit. Comment résumer la situation au Sahara occidental? C'est sans doute impossible dans le cadre de ce débat, mais je vais essayer de donner quelques éléments, le plus neutres possibles, sur l'historique de ce conflit.

Comme le dit le document onusien de présentation de la MINURSO, «le Sahara occidental est un territoire de la côte Nord-Ouest de l'Afrique, limitrophe du Maroc, de la Mauritanie et de l'Algérie. Il était sous administration espagnole jusqu'en 1976. Le Maroc et la Mauritanie l'ont tous deux revendiqué, revendication à laquelle s'opposa le Front populaire pour la libération de la Saguia-el-Hamra et du Rio de Oro, dit Front Polisario.»

Alors que la Mauritanie a renoncé à toute prétention sur le Sahara occidental en 1979, tant le Maroc – qui a décidé de «réintégrer» le Sahara occidental à son territoire – que le Front Polisario – qui a proclamé en 1976 la République arabe sahraouie démocratique – revendiquent la souveraineté sur ce territoire qui dispose du statut onusien de «territoire non autonome».

Au cours des presque quarante années écoulées, de nombreux événements se sont succédés sur place et au niveau international: adoption d'un plan de règlement par le Conseil de sécurité des Nations-Unies en 1990, création et déploiement de la MINURSO en 1991, référendum prévu en 1992, instauration d'un cessez-le-feu, processus d'identification qui aurait dû permettre le référendum, désignation de représentants spéciaux et d'envoyés personnels du Secrétaire général, phases de négociations avec des représentants des deux parties ainsi que de ceux de la Mauritanie et de l'Algérie, pourparlers directs et indirects, formels et informels, adoption de plusieurs résolutions successives mais, au final, nous sommes toujours en présence de positions divergentes: le Maroc propose un plan d'autonomie élargie alors que le Front Polisario propose un référendum offrant trois options, l'intégration dans le Royaume du Maroc, l'autonomie ou l'indépendance.

Parallèlement, la situation des populations concernées est très difficile. Le territoire est divisé par un mur de sable de 2000 km de long et contaminé par des mines antipersonnel, qui continuent de mettre en danger la vie des réfugiés et des populations nomades et qui en font un des territoires les plus gravement touchés au monde, selon le service de lutte anti-mines des Nations Unies. La zone située à l'ouest est sous contrôle marocain tandis que celle qui se trouve à l'est est contrôlée par le Front Polisario. Dans les camps de Tindouf, plusieurs dizaines de milliers de personnes vivent dans des conditions très difficiles, parfois depuis leur naissance, et dépendent totalement de l'aide internationale, malgré une organisation des camps qui frappe par son degré de développement. Ces réfugiés sont parfois séparés de leur famille depuis le début du conflit, malgré la mise sur pied, depuis 2004 par le HCR, d'un programme de mesures de confiance visant à instaurer des contacts directs entre les familles séparées du Sahara occidental.

Quant à la partie du Sahara occidental sous contrôle marocain, elle a été le théâtre, ces dernières années, de plusieurs manifestations ayant pour but d'attirer l'attention sur certaines préoccupations relatives aux droits de l'homme, aux problèmes socioéconomiques et à des revendications politiques, notamment le droit à l'autodétermination, manifestations qui ont été parfois réprimées violemment. Des accusations m'ont également été transmises, également relayées par des ONG internationales crédibles actives dans la défense des droits humains, d'arrestations arbitraires, d'atteinte à la liberté d'expression, de réunion et d'association ou, comme l'a écrit le rapporteur spécial des Nations-Unies sur la torture, Juan Mendez, en 2013 «de tendance de torture et de mauvais traitements par des policiers lors de l'arrestation et pendant la détention».

Bien sûr, après toutes ces années, un sentiment de frustration, d'impatience et d'injustice se développe, particulièrement chez les jeunes, ce qui n'est pas sans inquiéter les observateurs. En outre, les récents développements de la situation géopolitique de toute la région du Sahel, avec les conflits au Mali et dans d'autres pays du voisinage, sont source d'inquiétudes sur les risques d'extension et d'embrasement.

Pour essayer de mieux comprendre la situation, je me suis rendue aussi bien au Maroc, à Rabat, qu'au Sahara occidental, à Laâyoune, ou encore à Alger et dans les camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf.

A toutes ces occasions, j'ai pu bénéficier de l'aide précieuse de toutes les autorités et instances sollicitées, que je tiens à remercier ici, et qui m'ont permis de mener mon travail dans les meilleures conditions.

En complément de ces visites, la commission a procédé à pas moins de cinq auditions. Ces auditions ont fourni nombre d'informations, mais elles ont également permis à des parlementaires des deux parties en conflit, à des représentantes et représentants d'ONG, de la société civile et de diverses instances de se retrouver autour d'une même table! Peut-être que ce sera, finalement là, le mérite principal de ce rapport!

En effet, le projet de résolution que vous avez maintenant sous les yeux ne permet pas de «réinventer la roue». Je n'ai pas trouvé l'œuf de Colomb! Ce texte se contente donc à la fois de réaffirmer notre soutien au processus de négociation des Nations Unies, dans le respect des principes fondamentaux, mais aussi de mettre en avant tous les aspects qui sont au cœur des valeurs et des préoccupations du Conseil de l'Europe, au premier rang desquelles les droits de l'homme, bien sûr et, par conséquent, les libertés fondamentales.

La dernière résolution adoptée par le Conseil de sécurité, le 29 avril 2014, déclare notamment «réaffirmer sa volonté d'aider les parties à parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et noter le rôle et les responsabilités des parties à cet égard.» Il ne me reste plus qu'à appeler, comme le Conseil de sécurité, nos partenaires pour la démocratie et les autres parties concernées à faire preuve d'un esprit de compromis et à vous demander d'accorder votre soutien au projet de résolution.

 

Mme FIALA (Suisse), porte-parole de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe – Le Maroc est l'un de nos Partenaires pour la démocratie, comme le Conseil national palestinien et le Kirghizistan. Au nom de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe, j'aimerais vous remercier de tout cœur, Madame la rapporteure, pour le travail important et difficile que vous avez accompli.

Souvenez-vous de la résolution 1818, adoptée en 2011 par notre assemblée, concernant la demande d'octroi du statut de partenaire pour la démocratie soumise par le Parlement marocain. A la page 3, point 11 de la résolution, il est dit que notre assemblée «attend du Maroc qu'il continue à rechercher des moyens pacifiques de régler les litiges internationaux, conformément à la Charte des Nations Unies. Dans ce contexte, elle appelle tout particulièrement le Parlement du Maroc à contribuer davantage au règlement de la question du Sahara occidental, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies».

Eh bien, Mesdames et Messieurs, à la lecture du rapport de Mme Maury-Pasquier, nous comprenons qu'il reste beaucoup à faire, même si l'on ne saurait nier les progrès réalisés. L'assemblée attend du Maroc qu'il s'aligne sur les attentes de l'ONU en matière de recherche de moyens pacifiques pour le règlement du conflit au Sahara occidental. Aujourd'hui, nous sommes attristés par la lenteur du processus. Le Sahara occidental n'a pas encore obtenu l'autodétermination et reste de facto sous l'autorité du Maroc.

Nous en appelons à toutes les parties pour trouver des solutions qui soient acceptables par chacune d'entre elles, de manière à ce que les femmes et les hommes vivant au Sahara occidental se voient reconnaître des compétences territoriales, qu'ils possèdent un droit, une justice et les ressources financières nécessaires pour assurer le développement de la région. Ces personnes ont droit à un référendum. S'agissant des droits de l'homme, les jeunes ressentent une frustration croissante. Il faut absolument soutenir ces gens dans leur recherche d'un moyen pacifique de régler le différend. Actuellement, les droits de l'homme continuent à être violés – je pense à la liberté d'expression, mais aussi aux cas de torture qui sont évoqués.

L'assemblée appelle le Parlement du Maroc à renforcer la coopération avec le Conseil national des droits de l'homme marocain et avec le CICR pour garantir la liberté d'expression et de réunion et pour s'assurer que les forces de l'ordre emploient des moyens mesurés et proportionnés quand leur intervention s'avère nécessaire.

Nous sommes également attentifs à l'appel lancé par la rapporteure en faveur de la création d'un réseau des parlementaires contre la peine de mort.

L'assemblée demande également aux représentants du Front Polisario et aux autorités algériennes de permettre qu'il soit procédé à l'identification des personnes dans les camps de Tindouf. La liberté de mouvement dans ces camps doit également être mieux garantie. Il convient, enfin, de développer une culture du respect des droits de l'homme dans les centres d'accueil et de détention. Madame la rapporteure, nous vous remercions pour votre travail et espérons que le Maroc suivra les conseils que vous formulez.

 

M. RECORDON (Suisse) – Je remercie à mon tour les rapporteures de l'excellence de leur travail.

Je relève en particulier que le rapport principal est sévère, mais sans doute encore insuffisamment et que les compléments très utiles apportés par la rapporteure pour avis avec le plein soutien de la Commission juridique et des droits de l'homme sont les bienvenus. Je vous invite dans l'ensemble à les suivre.

Le Maroc, en tant qu'Etat, a réalisé, en effet, d'assez importants progrès, mais ils se limitent en général à ce qui se passe en termes de droits de l'homme et à la démocratie à l'intérieur du pays.

Lorsqu'il s'agit de sa politique extérieure, et en particulier de ses rapports avec le Sahara occidental – que l'on considère ou non comme un prolongement de l'Algérie, ce qui n'est pas mon cas –, le Maroc se révèle très en retrait de nos attentes. Et cela est extrêmement dangereux, car l'insuffisance de la démocratie et des droits de l'homme au Sahara occidental est véritablement porteuse de plus en plus de désespérance.

Si nous voulons favoriser des mouvements comme Al-Qaida au Maghreb et au Machrek – et l'on voit ce que cela donne aujourd'hui en Irak, après la Syrie – ou comme Boko Haram, continuons à laisser la désespérance s'installer. Comme cela a été dit par les excellentes interventions des présidents de groupe, il faut une solution sous l'égide de l'ONU et dans l'optique de l'autodétermination si nous voulons que ce quasi dernier dossier de la décolonisation formelle ne se transforme pas en une horreur, non seulement pour la région, mais également pour nous. Il y a donc un intérêt humain, mais également politique à ce que, enfin, cette autodétermination et ce respect des droits de l'homme soient construits.

Pouvons-nous imaginer par exemple d'aider à la construction d'une véritable Cour des droits de l'homme, du type de celle que nous avons à Strasbourg? Pouvons-nous imaginer accueillir des partenaires pour la démocratie dans le cadre ce que fait Strasbourg? Ce serait peut-être une œuvre utile à laquelle il conviendrait de réfléchir. Mais dans l'immédiat, mes chers collègues, j'insiste sur ce point, nous devons rendre notre rapport plus strict et plus sévère. Et à ce titre, parmi les nombreux amendements de valeur qui ont été déposés par la commission des questions juridiques et des droits de l'homme, j'insiste sur l'importance d'adopter trois d'entre eux: l'amendement 5, relatif aux arrestations et détentions arbitraires; l'amendement 7, relatif aux droits économiques, sociaux et culturels; et l'amendement 11, relatif à la nécessité du suivi des droits de l'homme par la MINURSO. Pour ce dernier, tout ce que mes amis marocains présents ou non dans l'hémicycle ont pu me dire contre cet amendement, c'est qu'il était «un peu gênant politiquement»… Oui, les droits de l'homme sont parfois gênants politiquement. Mais dire qu'ils heurtent les intérêts de son pays n'est pas un argument suffisant pour les refuser. Lorsque mon propre pays est mis en cause, je mets un point d'honneur, en tant que membre de cette assemblée, à vous demander que les droits de l'homme prévalent sur la simple position nationale de mon pays.

 

Débat d'actualité - Les conséquences politiques et humanitaires de la crise en Ukraine – Doris Fiala, Andreas Gross

Mme FIALA (Suisse) - Frau Präsidentin, geschätzte Damen und Herren!

Im Namen der ALDE-Fraktion möchte ich mit Nachdruck daran erinnern, dass wir die verletzte Souveränität und die verletzte territoriale Integrität der Ukraine nach der Annexion der Krim durch Russland nicht ad acta gelegt haben, zumal uns Nachrichten aus der Krim erreichen, die nicht verdaubar sind:

Krebskranke und HIV/AIDS-Patienten erhalten offenbar ihre Medikamente nicht mehr. Die Situation rund um Katasterpläne und Eigentumsverhältnisse ist völlig unklar. Der Tourismus bricht zusammen.

Russland hatte mit rund einer Milliarde Euro Investitionen pro Jahr für die Krim gerechnet, geht heute aber von einem Bedarf von über 4 Milliarden aus. Der Krisenfonds demgegenüber beträgt gerade einmal 450 Millionen.

Auch die neuesten Nachrichten aus der Ukraine sind fatal: NGOs berichten, dass Hunderttausend IDPs (internally displaced persons) aufgrund der Besetzung der Krim und der Militäroperationen in der Ost-Ukraine ihr Zuhause verlassen mussten. Diese Menschen haben in der aktuell herrschenden Situation keinen Status und genießen keinen Schutz und keine Sicherheit. Es ist von großer Bedeutung, dass internationale Organisationen einen «humanitären Korridor» gewährleisten.

Die Katastrophen in der Ukraine heißen: Tote, Vertriebene, Mangel an Unterkünften, fatale epidemiologische Situation in Konfliktgebieten und kein Zugang zur Gesundheitsversorgung. Im Namen der ALDE rufe ich daher unsere Mitglieder auf, in ihren Ländern für humanitäre und medizinische Assistenz in der Ukraine zu sorgen.

Zudem warten die Menschen in der Ukraine seit Monaten vergebens, dass die Verbrecher des Majdan verurteilt werden und die Justiz der neuen Regierung handelt.

Die Bemühungen der OSZE zur Entschärfung der Situation und zur Beilegung von Konflikten sollen Friedenspläne des amtierenden ukrainischen Präsidenten stärken und versuchen, deeskalierend zu wirken.

Maßnahmen im Rahmen von Dezentralisierung, wie von Andreas Gross angesprochen, Verfassungsreformen, Menschenrechte, Wahlen, und, zur Stärkung der Zivilgesellschaften, nachhaltiges Energiemanagement sowie local Governance haben es jedoch in einer von Gewalt geprägten Ukraine äußerst schwer - eben erreichen uns Bilder von einfahrenden Panzern.

Ohne weitere Sanktionen, so werden Stimmen laut, wird es nicht möglich sein, dieser Tragödie ein Ende zu setzen. Ich fordere daher eine umsichtige aber klare Haltung gegenüber Russland.

Ich danke Ihnen.

 

M. GROSS (Suisse), porte-parole du Groupe socialiste* – Je voudrais remercier M. Muižnieks pour les informations qu'il nous a données. En effet, nous ne devons pas oublier ni les réfugiés, ni les PDI. Je suis personnellement très impressionné par la capacité de la société civile ukrainienne à prendre soin de certains de ses compatriotes. Ceux-ci ont également besoin de notre soutien, en particulier les enfants. Je lance un appel aux Etats membres afin qu'ils soutiennent le HCR qui fait beaucoup pour les familles.

Nous devons réfléchir aux causes de ces nombreux départs. Pourquoi les personnes déplacées quittent-elles leur foyer? Cela doit cesser. Je voudrais lancer à nouveau un appel aux autorités ukrainiennes: vous devez écarter l'idée d'une solution militaire à l'est du pays; rappelez-vous Gandhi qui affirmait que l'on ne peut pas gagner lorsque l'autre est plus fort. On ne peut gagner qu'en faisant preuve de plus d'intelligence. Dans le cas présent, le Gouvernement ukrainien a tout intérêt à rassurer les populations de l'est, qui ont eu très peur d'être oubliées après la révolution. Cette région représente 10% de la population de l'Ukraine mais 20% de son économie. Les autorités ukrainiennes doivent affirmer leur volonté de décentraliser le pays et de mener une véritable réforme constitutionnelle en ce sens. Qu'on l'appelle décentralisation ou régionalisation, ce processus est fondamental dans un pays comme l'Ukraine, composé d'une multitude de communautés, qui doivent toutes être respectées. L'est du pays ne doit pas être oublié au profit de l'ouest. Il n'est pas suffisant d'affirmer que chaque communauté a la possibilité de choisir les jours de ses fêtes religieuses. Une autonomie locale réelle est nécessaire, comme dans d'autres Etats fédéraux même si le terme «fédéral» n'est pas employé. Le système électoral doit être adapté en conséquence, avec une véritable proportionnalité. Le gouvernement, le président et le parlement de l'Ukraine doivent respecter la structure décentralisée du pays. Toutes les régions doivent avoir le sentiment d'appartenir à l'Ukraine tout en se sentant respectées dans leur identité. La diversité dans l'unité est la voie à suivre afin d'éviter les violences militaires.

 

Discours de M. Porochenko, Président de l'Ukraine – Question de M. Andreas Gross

M. GROSS (Suisse), porte-parole du Groupe socialiste* – Merci, Monsieur le Président, pour votre intervention.

J'ai une question de base. L'Ukraine a connu deux révolutions. Après la première, les autorités ont déçu des millions de personnes, notamment la jeunesse. Qu'avez-vous appris de cette première expérience? Comment ne pas répéter les mêmes erreurs?

 

Les défis qui se posent à la Banque de développement du Conseil de l'Europe – Luc Recordon

M. RECORDON (Suisse) – Je remercie à mon tour notre rapporteur, M. Elzinga, qui a su défricher un sujet peu connu, parfois un peu aride et ayant rarement retenu l'attention des principales commissions de notre assemblée. Je suis donc très satisfait de voir que ce sujet arrive enfin sur le devant de la scène.

La Banque accomplit manifestement un travail utile. Son apport, s'agissant du financement de projets à intérêt social et environnemental, me paraît essentiel.

On peut se poser la question, comme en témoignent certains amendements, du champ géographique sur lequel il convient de se concentrer, mais aussi celle du financement direct. Pour ma part, je serai prudent au moment d'aborder ces aspects.

J'estime en effet que la Banque n'a pas – ou pas encore – les moyens de se disperser. L'idée de se concentrer sur un nombre bien précis de pays, comme l'a proposé le rapporteur, est donc juste, même si je n'irai pas jusqu'à parler d'exclusivité pour certains pays. En effet, sur certains sujets, par exemple le soutien aux migrants – je me réfère à cet égard aux propositions sur lesquelles insiste le rapporteur –, il pourrait être logique de déroger au périmètre des pays sur lesquels la Banque se concentre en principe. Les pays du Sud – je pense aux problèmes auxquels est confrontée l'Italie, notamment à Lampedusa – subissent une pression très forte et il pourrait être justifié de financer des installations permettant de poursuivre des opérations comme Mare Nostrum.

Je suis plus réservé pour ce qui est de s'ouvrir, comme le suggérait tout à l'heure M. Mendes Bota, à des financements directs. Peut-être est-ce par méconnaissance de ma part du sujet. Il me semble toutefois que la Banque, si elle peut s'appuyer sur le travail d'analyse des dossiers de crédits conduit par des banques privées, dont c'est véritablement le travail, doit se contenter de donner un appui à certains dossiers, de les cautionner une fois après que l'analyse principale a été faite, la Banque de développement n'apportant qu'une analyse complémentaire. Cela me semble une manière de procéder plus intelligente. Sinon, on risque de faire des analyses en double et de dilapider les ressources.

Telles sont les raisons pour lesquelles j'aborde avec une certaine prudence les différents amendements qui nous sont proposés. Pour le reste, je conclus évidemment à l'adoption de ce rapport.

 

Renforcement de l'indépendance de la Cour européenne des droits de l'homme – Luc Recordon

M. RECORDON (Suisse) – Tout en m'associant à mon tour aux éloges adressés au rapporteur et à son travail, je voudrais appeler votre attention, mes chers collègues, sur cinq aspects bien précis de la question.

Premièrement, l'indépendance des juges doit être conçue, non pas seulement face aux Etats, mais aussi, dans une conception plus moderne, face au conglomérat d'Etats que constitue l'Union européenne. De ce point de vue, je dois dire que, si je me suis réjouis des progrès assez rapides qui ont été réalisés en ce qui concerne l'adhésion de l'Union européenne à la Convention européenne des droits de l'homme, je m'inquiète un peu, car ce qui s'est passé depuis un an et demi semble marquer, disons-le franchement, une certaine réticence des juges de Luxembourg à admettre que, même dans des conditions extrêmement strictes qui préserveraient leur liberté d'action au sein de leur juridiction, ils pourraient voir leurs arrêts remis en cause à Strasbourg sous l'angle des droits de l'homme. Nous devons être attentifs à ce sujet et insister pour que les choses avancent vite.

Deuxièmement, s'agissant du statut des juges, je me félicite du système actuel. Les Etats, y compris le mien, pourraient s'en inspirer: ils exercent leurs fonctions pendant une période assez longue, à l'issue de laquelle ils bénéficient, dans la mesure du possible – c'est d'ailleurs l'un des enjeux du rapport –, de bonnes conditions économiques. De cette manière, ils ne sont pas soumis à la pression de la réélection. Ce sujet me paraît absolument central.

Troisièmement, en ce qui concerne les modalités de nomination, nous n'avons peut-être pas encore bien réglé cette question. Le fait de procéder aux nominations sur la base des propositions faites par les gouvernements nationaux n'est pas, à mon avis, une solution idéale. On pourrait imaginer que cela passe par d'autres organes, par exemple les parlements ou les cours suprêmes. Mais enfin, je m'en accommode, du moment, bien sûr, que les gouvernements jouent le jeu. Or, il me semble que certains ont tendance à être un peu lents. Qui plus est, les listes qu'ils nous soumettent ne sont pas toujours irréprochables. Ce n'est pas encore un sujet d'inquiétude, mais cet aspect doit retenir notre attention, voire soulever une certaine préoccupation.

Quatrièmement, de notre côté, nous sommes en bonne voie pour procéder à une sélection plus stricte, avec la proposition, dont avons discuté cette semaine, de créer une commission spéciale chargée de choisir les candidats à soumettre au suffrage de l'assemblée. Cette idée va dans le bon sens.

Cinquièmement – et, sur ce sujet, je vais rompre une lance –, à l'issue des travaux d'Interlaken et de Brighton, auxquels il a été fait allusion précédemment, on a décidé de maintenir, de la plus large façon possible, la possibilité pour les citoyens d'Europe de recourir à la Cour européenne des droits de l'homme. De fait, cette institution est en quelque sorte le fleuron de l'Europe, celle qui donne le plus confiance dans notre volonté de développer les droits de l'homme. Par conséquent, il ne faut pas que les raisons pratiques, bien qu'elles soient compréhensibles – le système est lourd et difficile à gérer –, conduisent à une restriction trop forte de la possibilité de saisir la Cour. Ce serait, d'une certaine manière, tuer l'institution en voulant la sauver.

 

Une justice pénale des mineurs adaptée aux enfants: de la rhétorique à la réalité – Luc Recordon

M. RECORDON (Suisse) – Je vous remercie de votre compréhension, Madame la Présidente, et d'avoir ainsi accepté d'ouvrir la liste. Je me bornerai à faire deux observations.

Premièrement, ce rapport me paraît aller dans le bon sens, et je l'approuverai. Le rapport pour avis me semble se plaindre de l'excès de gentillesse de celui de M. Schennach. Je ne pense pas que les solutions préconisées par celui-ci soient trop gentilles, inefficaces, trop compréhensives, dépourvues d'effets de sanctions et réparateurs pour les victimes.

A l'égard des mineurs, ces propositions sont judicieuses. Les amendements ne changent pas grand-chose, si ce n'est l'amendement 3 dont les propositions sont fort intelligentes, à savoir prévoir une sanction adaptée à l'âge, la séparation entre délinquants âgés et jeunes, et prêter une attention particulière au risque de violences commises par des délinquants plus âgés contre des plus jeunes. Malheureusement, ces propositions auraient dû venir en addition et non en remplacement de celles de la commission.

Le seul point sur lequel nous aurions probablement dû nous montrer plus strict – mais cela pourra faire l'objet d'une réflexion ultérieure car il s'agit d'un problème extrêmement délicat – est celui des pervers. Il peut arriver qu'un jeune soit affecté d'une structure psychique perverse. Certes, nous ne pouvons pas imposer la perpétuité, mais que faire dans ce cas? Nous savons que, dans la plupart des cas, nous n'avons pas les moyens de traiter la personne de façon à ce qu'elle ne commette plus d'actes de perversion, ou qu'elle ne soit plus gravement dangereuse pour la société. Le besoin sécuritaire nécessite un suivi qui, à un certain stade, peut être de nature pénale et probablement de nature civile pour empêcher la personne de commettre contre elle et contre des tiers des actes par trop dangereux.

Le rapport aurait sans doute dû mentionner ce cas. Je vous invite toutefois à l'approuver en l'état.