Le Conseil national en bref
Berne (ats)
Les cantons devraient être libres de choisir leur système électoral. Le National s'est rallié mercredi par 93 voix contre 90 et 2 abstentions à l'idée de légiférer en ce sens. Le dossier, lancé par le Conseil des Etats, retourne en commission.
Les autres décisions:
ASSURANCE MALADIE: par 124 voix contre 57, il a adopté une motion du Conseil des Etats demandant qu'assureurs, médecins et laboratoires puissent négocier librement les tarifs des analyses de laboratoire. Le ministre de la santé Alain Berset a prédit un blocage faute d'entente entres partenaires, qui n'utilisent déjà pas la marge de manoeuvre qu'ils ont actuellement.
ASSURANCE MALADIE BIS: il a adopté tacitement une motion demandant que le personnel non médical puisse être associé à la gestion des patients et que les modèles de soins intégrés soient renforcés. Le Conseil fédéral est prêt à prendre des mesures en ce sens. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
ASSURANCE MALADIE TER: il a adopté tacitement une motion demande au Conseil fédéral d' intervenir sur les tarifs de référence pour que le libre choix d'un hôpital dans toute la Suisse par les patients repose sur une réelle concurrence. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
ASSURANCE MALADIE QUATER: il adopté par 120 voix contre 58 une motion demandant un droit de recours pour les caisses maladies contre les décisions prises par les cantons concernant la liste des hôpitaux et EMS dont les soins sont remboursés. Le gouvernement vient de mettre en consultation un tel droit pour les associations d'assureurs. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
ASSURANCE MALADIE QUINQUIES: il adopté tacitement une motion demandant que les cantons ayant des listes noires des personnes ne payant pas leur prime maladie doivent définir les prestations médicales urgentes. But: éviter des cas graves voire des décès. Le Conseil fédéral est prêt à agir dans ce sens. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
ASSURANCE MALADIE SEXIES: il a adopté tacitement un postulat demandant un rapport sur les mesures et les moyens financiers nécessaire pour améliorer la fourniture de soins dans le domaine des maladies rares.
HÔPITAUX: il a adopté par 100 voix contre 92 une motion de Verena Herzog (UDC/TG) demandant que les prestations d'intérêt général fournies par les hôpitaux aux cantons soient soumises au droit des marchés publics. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
PROTHESES: il a adopté par 119 voix contre 57 deux motions de Balthasar Glättli (Verts/ZH) et Roger Golay (MCG/GE) demandant une meilleure prise en charge des prothèses par les assurances sociales. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
ALLOCATIONS FAMILIALES: il a soutenu, par 137 voix contre 33 et 3 abstentions une motion du Conseil des Etats visant à introduire un système de compensation intégrale au sein des caisses de compensation. Alain Berset a souligné que le "système fonctionne bien". Le but souhaité est atteint. Il n'est donc pas nécessaire d'intervenir au niveau fédéral, selon lui.
ERREURS MEDICALES: il a accepté par 178 voix contre 1 une motion de sa commission de la santé visant à mieux protéger les patients. Le texte charge le Conseil fédéral de renforcer la protection des dommages. Il demande l'introduction d'une culture constructive en matière de sécurité et de traitement des erreurs médicales, l'amélioration de la responsabilité civile médicale, ainsi que l'établissement d'un état des lieux s'agissant de cette dernière.
SECURITE SOCIALE: il a adopté, par 128 voix contre 51, une motion visant à renforcer la lutte contre les abus dans le domaine des prestations complémentaires. Il n'est pas rare que des bénéficiaires de prestations complémentaires possèdent des biens non déclarés à l'étranger. Mais les outils à disposition des organes d'exécution cantonaux ne sont pas suffisants pour déceler et combattre de tels abus.
NUMERO AVS: il a tacitement chargé le Conseil fédéral d'établir un concept pour faire face aux risques liés à l'utilisation du numéro d'assuré AVS à treize chiffres en tant qu'identifiant des personnes unique. Le Conseil fédéral a déjà chargé en 2017 le Département fédéral de l'intérieur de présenter un avant-projet de modification des dispositions de la loi fédérale sur l'assurance-vieillesse et survivants. Un rapport sera établi concernant la protection des données.
SOCIETE NUMERIQUE: par 138 voix contre 52, il a transmis au gouvernement un postulat du groupe libéral radical demandant d'étudier la création d'un nouveau statut pour les travailleurs de "plate-forme". Il devrait se situer à mi-chemin entre le salariat et l'indépendance.
AMENAGEMENT DU TERRITOIRE: il a adopté, par 114 voix contre 77 et 1 abstention une motion de Fabio Regazzi (PDC/TI) demandant un catalogue de critères contraignants permettant de déterminer les sites construits d'importance nationale à protéger. Pour le gouvernement, la procédure est claire et ne nécessite pas de réexamen approfondi. Il est toutefois disposé à inscrire dans l'ordonnance concernant l'Inventaire fédéral les critères régissant le choix des objets.
COÛTS DE LA SANTE: par 97 voix contre 87 ete 4 abstentions, il a rejeté un postulat de Raymond Clottu (UDC/NE) demandant au Conseil fédéral, sous forme de statistique, un rapport sur les coûts occasionnés par les requérants d'asile et les sans-papiers dans le domaine de la santé. Le sujet a déjà été traité il y a quelques années dans deux rapports et il n'est pas nécessaire d'en établir de nouveaux. De plus, il existe déjà une statistique pour les requérants d'asile. Et les coûts de la santé des sans-papiers non assurés ne peuvent pas être établis.
CANNABIS: il a adopté par 98 voix contre 92 et 2 abstentions quatre motions visant à autoriser des études scientifiques, limitées dans le temps, sur la consommation de cannabis. Les essais pilotes doivent permettre de rendre les discussions sur le chanvre plus objectives et de faire émerger une solution fondée sur les faits, ont fait valoir les motionnaires.
CANNABIS BIS: il a tacitement adopté une motion permettant aux médecins de prescrire du chanvre légal aux malades chroniques. Ce faisant, il a soutenu les plans du Conseil fédéral. En juillet, le gouvernement avait déjà chargé le ministre de la santé Alain Berset de faciliter l'accès au cannabis médical pour soulager les douleurs des patients.
TABAC: il a rejeté, par 94 voix contre 89 et 7 abstentions, une motion de Niklaus-Samuel Gugger (PDC/ZH) demandant une interdiction de la publicité sur le tabac dans les médias facilement accessibles. Ces médias sont particulièrement appréciés par les jeunes qui sont influençables. La moitié des pages consacrées aux marques de tabac sont accessibles aux mineurs et présentent une conception graphique et des contenus adressés aux jeunes.
PREVOYANCE: il a rejeté, par 132 voix contre 59, une motion de Susanne Leutenegger Oberholzer (PS/BL) qui voulait introduire un programme de formation pour la prévoyance professionnelle et veillesse. Le Conseil fédéral est conscient que la prévoyance professionnelle est un sujet complexe. Mais il existe suffisamment de possibilités de s'informer.
DROIT COMPARE: a approuvé mercredi, à l'unanimité, une révision de la loi sur l'institut suisse de droit comparé de 1978. C’est avant tout son organisation qui sera revue. Il n'aura plus que deux organes à sa tête: le conseil de l'institut et la direction. Le nombre de membres du conseil sera réduit de 22 à 9. La direction sera composée de trois personnes au maximum. Un conseil scientifique pourra l'assister. Il existe déjà et a fait la preuve de son efficacité.
JUSTICE: il a accepté par 121 voix contre 55 un projet visant à n'exempter de sa peine une personne ayant réparé un dommage que si elle reconnaît sa culpabilité et a été condamnée à une peine modeste. Cette révision du code pénal, qui concrétise une initiative de l'ancien conseiller national Daniel Vischer (Verts/ZH). Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
ASILE: il a tacitement transmis au Conseil fédéral une motion de Fabio Abate (PLR/TI) demandant que les cantons qui gèrent des centres d’asile temporaires soient aidés financièrement par la Confédération. C’est le cas du Tessin avec le centre de Mendrisio-Rancate. Le canton fournit ainsi une contribution importante contre le transit généralisé de sans-permis. Mais il assume seul les coûts d'hébergement et de sécurité du centre.
AVOCATS: il a classé une motion visant à régler tous les aspects de la profession d'avocat. Adopté par les deux chambres entre 2012 et 2013, le texte devait être mis en oeuvre par le Conseil fédéral. Depuis, le gouvernement ne voit plus l'utilité de réglementer l'organisation des études sous forme de sociétés. Les exigences cantonales concernant les conditions de délivrance du brevet se sont avérées trop importantes pour être harmonisées. Et la création d'un registre fédéral ne justifie pas le maintien de la motion.
TERRORISME: il a accepté, par 102 voix contre 72, une motion de Fabio Regazzi (PDC/TI) demandant que l'expulsion des djihadistes étrangers puisse être exécutée vers leur pays d'origine même si celui-ci est considéré comme peu sûr. La conseillère fédérale a argumenté en vain que cela violait la constitution suisse et que des mesures pour ce cas de figure étaient actuellement en consultation.
MARQUES: par 109 voix contre 67, il a rejeté un postulat de Géraldine Marchand (PDC/VS) qui voulait charger le Conseil fédéral de clarifier la procédure d'enregistrement d'une marque. Le Conseil fédéral a argumenté qu'un allongement de la procédure irait à l'encontre des intérêts des PME suisses.
PLAN SOCIAL: il n'est pas nécessaire d'étendre l'obligation de négocier un plan social pour les PME. Le National a balayé par 128 voix contre 51 une motion de l'ancienne députée Cesla Amarelle (PS/VD) qui demandait d'imposer cette obligation aux entreprises comptant au moins 100 employés. La loi actuelle fixe le seuil à 250 travailleurs.
PROCEDURE PENALE: il a rejeté par 111 voix contre 63 une motion visant à modifier le code de procédure pénale de manière à limiter les remplacements d'avocats commis d'office. La procédure de révocation est soumise à des conditions strictes, a rappelé la ministre de la justice Simonetta Sommaruga.
SECURITE: il a tacitement adopté une motion de Priska Seiler Graf (PS/LU) souhaitant instaurer des standards nationaux pour les entreprises des prestations de sécurité privées. S'il existe un concordat respecté par tous les cantons romands en Suisse-romande, la situation est différente outre-Rhin. Les grands cantons comme Zurich, Berne, Argovie ou Lucerne sont restés en dehors d'un concordat alémanique conclu en 2010.
DISCOURS POLITIQUES: il a adopté mercredi par 90 voix contre 85 et 3 abstentions une motion déposée par Daniel Fässler (PDC/AI) visant à obliger les orateurs étrangers à se munir d'une autorisation pour s'exprimer lors de manifestations politiques en Suisse. La Suisse serait bien inspirée de prendre, à titre préventif, des mesures pour le cas où des partisans de chefs d'Etat étrangers contestés prennent la parole dans des manifestations politiques, a argumenté le motionnaire.
MIGRANTS: il a rejeté par 108 voix contre 64 et 5 abstentions un postulat de Claude Béglé (PDC/VD) demandant la création d'un statut d'ambassadeur attribué à des migrants ayant réussi leur intégration. Ces ambassadeurs auraient pu intervenir, comme en Autriche, dans des conférences publiques dans des écoles, des associations ou des entreprises partout en Suisse pour partager leur expérience.
Le Conseil des Etats en bref
Berne (ats)
Le nombre d'Erythréens réfugiés en Suisse continue d'inquiéter le Conseil des Etats. Le Conseil des Etats a tacitement adopté une motion de Damian Müller (PLR/LU) chargeant d'examiner la situation des 3400 Erythréens bénéficiant d'une admission provisoire afin d'en lever autant que possible. Il a en revanche renoncé à exiger l'ouverture de négociations avec le chef du gouvernement erythréen Isayas Afewerki.
Les autres décisions:
ARMES A FEU: il s'est tacitement rallié aux ultimes modifications du National sur la loi sur les armes. Le projet a désormais passé le cap des deux Chambres fédérales. Restera vraisemblablement l'écueil d'un référendum. La révision vise à durcir les conditions de détention notamment des semi-automatiques. Elle découle des mesures anti-terroristes de l'UE.
ASILE: il a rejeté tacitement une motion de la conseillère nationale Andrea Geissbühler (UDC/BE) demandant que des accords de réadmission soient conclus avec l'Algérie, le Maroc, la Tunisie et la République dominicaine. Les accords de réadmission sont importants, a expliqué la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Mais ils ne garantissent pas de renvois effectifs. La Suisse ne peut pas imposer une réadmission de façon unilatérale.
INTEGRATION: il a adopté par 34 voix contre 1 une motion visant à ce que les jeunes migrants arrivés tardivement en Suisse profitent aussi de mesures d'intégration particulières. La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a exhorté en vain les sénateurs à attendre une étude sur les besoins réels.
INTEGRATION BIS: il a enterré tacitement une motion du National sur l'intégration des jeunes arrivés tardivement en Suisse. Le texte exigeait non seulement des prestations supplémentaires en matière d'intégration, mais aussi leur financement via le budget du Secrétariat d'Etat aux migrations.
CRIMINELS ÉTRANGERS: il a tacitement approuvé jeudi une motion de Philipp Müller (PLR/AG) pour que les expulsions pénales soient systématiquement appliquées. Le Conseil fédéral est prêt à corriger le tir si la loi, entrée en vigueur en 2016, n'est pas appliquée.
INSTITUT DU FÉDÉRALISME: il a adopté par 24 voix contre 11 une motion de Beat Vonlanthen (PDC/FR) demandant que l'Institut du fédéralisme à Fribourg puisse compter sur un financement de la part de la Confédération et des cantons. Le Conseil fédéral préférerait d'abord en discuter avec les cantons. La proposition doit encore passer au National.
PROTECTION DES VICTIMES: par 29 voix contre une, il a enterré une motion du National pour que la justice puisse décréter la détention d'ordre d'un condamné. L'auteure de la motion, Verena Herzog (UDC/TG), souhaitait lutter contre le phénomène des condamnés ne se pliant pas aux décisions judiciaires.
VIOLENCE: il a enterré tacitement une motion de la conseillère nationale Sylvia Flückiger (UDC/AG) qui voulait que les sanctions en cas de violence ou menace contre les autorités et les fonctionnaires soient durcies. L'auteure du texte exigeait notamment l’introduction de peines privatives de liberté sans sursis et un article dans le code pénal prévoyant que tout jugement passé en force soit notifié à l’employeur.
LIBRE CIRCULATION: il a accepté tacitement un postulat de Fabio Abate (PLR/TI) pour une harmonisation des sanctions en cas de violation du devoir d'annonce par un employeur. Il existe actuellement une grande inégalité de traitement entre les employeurs étrangers et les patrons suisses en matière de poursuite des infractions du devoir d'annonce, a expliqué le Tessinois. Le Conseil fédéral devrait modifier l'ordonnance sur la libre circulation des personnes.
PRISON A VIE: il a tacitement accepté un postulat d'Andrea Caroni (PLR/AR) concernant les peines de prison dites "à vie" qui peuvent permettre une libération conditionnelle au bout de dix ans. Afin que les infractions particulièrement graves soient traitées de manière plus adéquate, le gouvernement devra étudier plusieurs pistes dont la suppression de toute possibilité de liberté conditionnelle pour les détenus condamnés" à vie".