Votations finales - Dix objets passent le cap - deux référendums en vue

Les Chambres fédérales ont approuvé vendredi en votations finales dix objets mis sous toit lors de la session d'automne. Le Projet fiscal 17 et la reprise de la directive de l'UE sur les armes sont d'ores et déjà menacés par des référendums. Tous les autres objets sont soumis au référendum facultatif.

Les jeunes Vert'libéraux et les jeunes UDC ont été les premiers, vendredi, à lancer le référendum contre le Projet fiscal 17. Le comité des Verts suisses prendra une décision samedi.

Tous trois contestent le mélange des genres. AVS et fiscalité n'ont rien en commun; les réunir dans un même projet est antidémocratique, écrivent vendredi les jeunes Vert'libéraux dans un communiqué. L'unité de matière du projet fait défaut, renchérissent les jeunes UDC.
Tous trois critiquent également le poids que le projet fait peser sur les prochaines générations, en promettant d'alimenter l'AVS par des dépenses supplémentaires des salariés et par le budget fédéral, soit à terme le recours à la dette.

Armes

La directive de l'UE sur les armes est pour sa part attaquée par quatorze organisations de tireurs ou collectionneurs d'armes. Réunies au sein de la Communauté d'intérêts du tir suisse, elles lancent le référendum contre une loi qu'elles jugent "inacceptable".
"Le Parlement n'a pas voulu d'un compromis; en franchissant la ligne rouge que nous avons fixée sur plusieurs points, il ne nous laisse pas d'autre choix que celui de lancer le référendum", écrit la communauté du tir.
Toutes ces organisations ont jusqu'au 17 janvier pour déposer 50'000 signatures. En cas d'aboutissement, a votation sur la réforme fiscale aurait lieu le 19 mai 2019.

Le Parlement a adopté

la loi relative à la réforme fiscale et au financement de l’AVS (Projet fiscal 17) par 112 voix contre 67 et 11 abstentions au National, et par 39 voix contre 4 et 2 abstentions au Conseil des Etats;

l'arrêté d'approbation et de mise en oeuvre de l'échange de notes entre la Suisse et l'UE concernant la reprise de la directive de l'UE sur les armes par 120 voix contre 69 et 4 abstentions, et par 24 voix contre 6 et 5 abstentions;

la révision du code civil (délai d'attente avant le mariage) par 127 voix contre 64, et par 45 voix sans opposition ni abstention;

la révision de la loi fédérale sur les aides financières à l'accueil extra-familial pour enfants (prolongation du programme d'impulsion) par 104 voix contre 88 et 1 abstention, et par 27 voix contre 16 et 2 abstentions;

la loi fédérale sur l'organisation de l'infrastructure ferroviaire par 192 voix sans opposition ni abstention, et par 45 voix sans opposition ni abstention;

l'arrêté d'approbation et de mise en oeuvre de la convention n°94 du Conseil de l’Europe sur la coopération administrative internationale par 192 voix contre 1, et par 45 voix sans opposition ni abstention;

pour le traitement des données dans le cadre d'une poursuite pénale et de la coopération policière et judiciaire avec les pays membres de l'espace Schengen:

* la loi mettant en oeuvre une directive de l'UE par 182 voix contre 11, et par 45 voix sans opposition ni abstention;

* l'arrêté d'approbation de l'échange de notes entre la Suisse et l'Union européenne concernant la reprise de la directive de l'UE par 139 voix contre 45, et par 45 voix sans opposition ni abstention;

la révision de la loi sur l'impôt anticipé par 137 voix contre 55 et 1 abstention, et par 38 voix contre 1 et 6 abstentions;

la révision de la loi sur l'Institut suisse de droit comparé par 192 voix sans opposition et 1 abstention, et par 45 voix sans opposition ni abstention.

Le Conseil national en bref

Berne (ats)

Le Conseil fédéral pourrait prendre des mesures contre les frais d'itinérance excessifs si nécessaire. Le National a accepté vendredi de lui donner la compétence d'agir dans le cadre de la révision de la loi sur les télécommunications.

Les autres décisions:

PROCHES AIDANTS: il a tacitement prolongé de deux ans les deux initiatives parlementaires de l'ancienne conseillère nationale Lucrezia Meier-Schatz (PDC/SG) demandant des mesures pour soutenir les personnes qui prennent soin d'un proche. Fin juin, le Conseil fédéral a mis en consultation trois mesures. Il s'agit d'en attendre les résultats pour prendre une décision sur la suite de la procédure.

DROITS D'ENTREPRISE: il a tacitement prolongé de deux ans le traitement de l'initiative parlementaire de Markus Hutter ( PLR/ZH) sur le délai de réclamation en cas de défauts dissimulés d'un ouvrage. Cette motion qui a trait au droit du contrat d'entreprise devrait être intégrée aux travaux en cours censés déboucher sur une consultation au printemps 2019.

DROIT DE VETO: il a tacitement prolongé de deux ans le traitement de l'initiative parlementaire de Thomas Aeschi (UDC/ZG) demandant un droit de veto du Parlement sur les ordonnances du Conseil fédéral. Le National veut attendre le résultat des travaux de sa commission.

SECRET PROFESSIONNEL: il a tacitement prolongé de deux ans le traitement de l'initiative parlementaire de Christa Markwalder (PLR/BE) pour permettre aux juristes d'entreprise de refuser de témoigner et de produire des pièces. Le National veut s'assurer que l'objectif de l'initiative est effectivement repris dans le projet de révision du code de procédure civile présenté par le Conseil fédéral.

LOBBYING: il a tacitement prolongé de deux ans le traitement de l'initiative parlementaire d'Andrea Caroni (PLR/AR) demandant que les lobbyistes indiquent dans le registre public des accrédités tous les mandats liés à leurs activités au Palais fédéral. Le National préfère attendre quel sort sera réservé à une initiative de M. Berberat au but similaire avant de classer celle de l'élu PLR.

CONGE MATERNITE: par 137 voix contre 44, il a prolongé de deux ans le traitement de l'initiative parlementaire de Margrit Kessler (PVL/SG) demandant qu'en cas de décès de la mère dans les 14 semaines qui suivent la naissance de l'enfant, le congé de maternité soit octroyé intégralement au père. Le National rappelle qu'un contre-projet sur un congé paternité est en cours d'examen. Il s'agit de vérifier si la teneur de la proposition de Margrit Kessler comprendra la demande de l'ancienne conseillère nationale.

ISLAMISME: par 125 voix contre 68, il a refusé de donner suite à une pétition visant à interdire les mouvements islamistes radicaux en Suisse. La majorité l'a jugé superflu, estimant que le pays disposait de suffisamment d'instruments efficaces pour combattre l'islamisme extrémiste. Une minorité UDC estimait au contraire urgent pour éviter un grave problème sécuritaire.

ERYTHREE: comme le Conseil des Etats, il a refusé par 138 voix contre 55 de donner suite à une pétition exigeant que les auditions de requérants érythréens respectent la tradition humanitaire helvétique et que la Suisse accorde immédiatement et rétroactivement l'asile à tout requérant menacé de mauvais traitements dans son pays d'origine. La tradition est déjà respectée, le texte est superflu selon la majorité.

SCIENTOLOGIE: il a tacitement refusé de donner suite à une pétition en faveur d'un registre public des membres de la scientologie. Le National l'a estimé disproportionné. Selon lui, cela constituerait une restriction grave des droits fondamentaux des personnes qui n'est pas justifiée par un intérêt public.